1

20ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du dimanche 16 Août 2020 –  20e dimanche ordinaire (A).

Isaïe 56 1, 6–7 ; Romains 11 13–15, 29–32 ; Matthieu 15 21–28

Suite à un débat avec les Pharisiens sur « le pur et l’impur », Jésus se retire dans la région de Tyr et Sidon, pays de païens, considérés comme des impurs par les pharisiens et les scribes. Et voilà qu’une femme s’approche de Jésus. Alors que Marc nous parle d’une syro-phénicienne, donc une étrangère, Matthieu nous parle d’une « cananéenne », et c’est intentionnel de la part de Matthieu.  Claude Tassin nous dit que « si le Judaïsme accueillait des païens convertis que l’on appelait « prosélytes », certains peuples ne pouvaient pas être admis comme prosélytes (païens convertis au judaïsme) parce que des sentiments d’antipathie, d’hostilité et de haine des ancêtres (de l’Ancien Testament) rendaient leur intégration impossible et les Cananéens faisaient partie de ces peuples à jamais exclus ». A propos de ces nations païennes, et donc des Cananéens, voici ce que nous dit Deutéronome 7,2-4 : « 2 Tu ne concluras pas d’alliance avec elles, tu ne leur feras pas grâce. 3 Tu ne contracteras pas de mariage avec elles, tu ne donneras pas ta fille à leur fils, ni ne prendras leur fille pour ton fils. 4 Car ton fils serait détourné de me suivre; il servirait d’autres dieux; et la colère de Yahvé s’enflammerait contre vous et il t’exterminerait promptement ». Et Dt 20,17-18 ajoute : « 17 … tu les dévoueras à l’anathème (c’est-à-dire « tu vas les livrer à la condamnation, à la réprobation, à la malédiction »)…ces Cananéens…ainsi que te l’a commandé Yahvé ton Dieu, 18 afin qu’ils ne vous apprennent pas à pratiquer toutes ces abominations qu’ils pratiquent envers leurs dieux (= des idoles) : vous pécheriez contre Yahvé votre Dieu! ». Ainsi les Cananéens sont tenus éloignés du peuple de Dieu parce qu’ils adorent des idoles. Sur le plan religieux, Canaan est l’ennemi d’Israël. Aujourd’hui, dans le nouvel Israël qu’est l’Eglise, il est donc impossible d’adorer à la fois le Dieu que Jésus-Christ nous enseigne et des idoles, c’est-à-dire d’autres dieux que la sainte Trinité – Père, Fils et Saint Esprit-, interdit de pratiquer en même temps deux religions, interdit d’aller à la fois à l’Eglise et au Temple. Si certains pensent tromper les responsables des paroisses, ils ne pourront jamais tromper notre Dieu qui connaît tous leurs secrets. – La Cananéenne, bien que païenne, a déjà entendu parler de Jésus car la réputation de ce dernier a franchi les frontières.

Elle crie à Jésus : « ayez pitié de moi, Fils de David ». Cette expression est une prière, c’est notre « Kyrie eleison » et reconnaître en Jésus-Christ le Fils de David, c’est reconnaître Jésus-Christ comme étant le Messie, l’envoyé de Dieu pour le salut du monde. Jésus vient de rencontrer une païenne qui a une véritable foi alors que lui-même venait d’avoir une controverse avec des Pharisiens et les scribes, des chefs religieux, qui mettaient en doute l’attitude de Jésus sur le pur et l’impur. Et nous nous trouvons devant un paradoxe étonnant : d’un côté, une païenne qui a la foi en Jésus-Christ et de l’autre, des responsables religieux, des guides religieux, qui manquent de foi en Jésus. Jésus ne répond rien à la Cananéenne lorsque celle-ci lui dit « ma fille est malmenée par un démon ». Le démon est l’ennemi de Dieu et Jésus n’intervient pas. C’est le problème que se posent les chrétiens : pourquoi Jésus ne répond à nos prières de demande ? Pourquoi n’exauce-t-il pas nos prières ? Pourquoi ne réagit-il pas devant tous ces malheurs qui existent dans le monde ? Pour aller au plus simple, il suffit de lire le livre de Job. Job est un fidèle de Dieu. Et Satan vient voir Dieu pour lui dire que Job lui est fidèle parce qu’en ce moment tout va bien pour lui : il a une belle famille, il est riche, il a une ferme et des animaux, il a une bonne santé, il a tout pour être heureux. Mais si Job voyait mourir ses enfants, sa femme, s’il voyait tous ses biens partir en fumée et qu’il s’appauvrisse, et surtout si sa propre santé allait au plus mal, est-ce que Job aurait encore la foi en Dieu ? Et Dieu permet à Satan d’agir dans la vie de Job, à la seule condition de ne pas le faire mourir. Et Job résiste à tout : il perd sa famille, tous ses biens, il est gravement malade, il a tout perdu. Mais il garde sa foi en Dieu. Et là, Dieu lui redonne tout. Comme quoi, Dieu tient compte de notre foi. Si notre foi tient bon, envers et contre tout, alors Dieu exaucera nos prières. Toutes nos prières sont entendues par le Christ et il ne les oublie jamais. Le problème vient souvent de ce que nous mettons un délai à Jésus pour exaucer nos prières et si nous voyons que dans un mois, trois mois, un an ou deux, nos prières ne sont toujours pas exaucées, alors nous nous décourageons et parfois nous abandonnons nos prières. Dieu met souvent notre foi à l’épreuve et il faut continuer à croire en Jésus Christ. Il nous entend, et s’il n’exauce pas telle ou telle de nos prières, c’est souvent parce qu’il nous propose quelque chose meilleur que ce que nous avons demandé. Et dans ce cas, pas de regret que le Christ n’ait pas exaucé telle ou telle de nos prières tel que nous l’aurions souhaité. Il le fera en temps voulu par lui et de la meilleure manière qui soit.

Voici que dit Saint-Louis Marie Grignion de Monfort dans « L’Amour de la Sagesse Eternelle » [§188] : « Il ne faut pas faire comme la plupart des personnes qui demandent à Dieu quelque grâce. Quand ils ont prié pendant quelque temps considérable, comme des années entières, et ne voient pas que Dieu exauce leurs prières, ils se découragent et ils cessent de prier, croyant que Dieu ne veut pas les exaucer; et par là ils perdent le fruit de leurs prières et ils font injure à Dieu, qui n’aime qu’à donner, et qui exauce toujours les prières bien faites, soit d’une manière, soit de l’autre. Quiconque donc veut obtenir la Sagesse (Dieu) doit la demander jour et nuit, sans se lasser et sans se rebuter. Bienheureux mille fois sera-t-il, s’il l’obtient après dix, vingt, trente années de prières, et même une heure avant [de] mourir. Et, s’il la reçoit après avoir passé toute sa vie à la rechercher et à la demander et à la mériter par toutes sortes de travaux et de croix, qu’il soit bien persuadé qu’on ne la lui donne pas par justice, comme une récompense, mais par pure miséricorde, comme une aumône.

Devant le silence de Jésus face aux cris de la Cananéenne, les disciples, agacés par ces cris, interviennent auprès de Jésus pour lui dire en quelque sorte de satisfaire à la demande de la Cananéenne, et donc de guérir sa fille afin qu’elle arrête de crier. Ce à quoi, Jésus répond : « je n’ai été envoyé qu’aux brebis de la maison d’Israël ». C’est une manière de dire qu’il ne guérira pas la fille de la Cananéenne qui ne fait pas partie du peuple de Dieu et Jésus n’est là que pour sauver le peuple choisi de Dieu.

Envoyé par son Père, Jésus ne veut faire que la volonté de son Père. Ce sont ses disciples qui seront ensuite envoyés dans le monde entier (Mt 28,19). Mais la Cananéenne revient à la charge et se prosterne devant Jésus. Le geste de prosternation est un geste d’adoration et cela signifie qu’elle reconnaît Jésus comme Dieu avec toutes les conséquences qui en découlent : n’adorer qu’un seul et unique Dieu, abandon des idoles, se mettre à la suite du Christ, aimer son prochain etc…Il s’agit d’une véritable conversion de la Cananéenne. Le Pape François (dans son livre « Amour, Service et Humilité » – P.78) nous dit : « Si nous avons déjà choisi un état de vie, réformons-le pour le meilleur. La question est en quel état de vie, ou par quelle réforme de mon état de vie, mon cœur reviendra-t-il davantage « ami de Jésus », sera-t-il plus semblable à Lui, plus pauvre, plus humble et plus serviable? Dans quel état de vie, ou par quelle réforme dans mon état de vie, l’amour de Jésus prendra-t-il définitivement racine en moi? » Et dans son autre livre (« Les tâches de la famille chrétienne » – P.17), il ajoute : « Il faut une conversion continuelle, permanente, qui, tout en exigeant de se détacher intérieurement de tout mal et d’adhérer au bien dans sa plénitude, se traduit concrètement en une démarche conduisant toujours plus loin…en une dynamique qui va peu à peu de l’avant, grâce à l’intégration progressive des dons de Dieu et des exigences de son amour … dans toute la vie personnelle et sociale de l’homme. C’est pourquoi un cheminement pédagogique de croissance est nécessaire » – il faut donc se former sur le mystère du Christ et de l’Eglise pour être capable d’intégrer les dons de Dieu et connaître les exigences de son amour dans notre vie personnelle et sociale, et les formations SEDIFOP sont bon moyen de se former – « pour que les fidèles, les familles …à partir de ce qu’ils ont déjà reçu du mystère du Christ, soient patiemment conduits plus loin, jusqu’à une conscience plus riche et à une intégration plus pleine de ce mystère dans leur vie ».

N’hésitez pas à vous faire inscrire au SEDIFOP si vous désirez mieux comprendre votre religion et pouvoir avancer. C’est Saint Augustin qui dit : « Il faut comprendre pour croire et croire pour comprendre ». La Cananéenne s’étant prosternée devant Jésus lui crie, presque de désespoir: « Seigneur, viens à mon secours ». Cela aussi est une prière chrétienne, et sans doute chacun de nous l’a crié aussi au Christ, tout comme le « ayez pitié de nous ». Une païenne qui dit des prières chrétiennes et qui croit en Jésus-Christ. La réponse de Jésus nous semble dur à entendre : « Il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens », autrement dit « Jésus doit s’employer au salut des Juifs, « enfants » de Dieu et des promesses, avant de s’occuper des païens, qui n’étaient, aux yeux des Juifs de l’époque, que des « chiens ». Mais c’est sans doute aussi une épreuve donnée à la Cananéenne comme Dieu en a fait à Job ou encore à Abraham dans le sacrifice d’Isaac, son fils unique. Et la Cananéenne va jusqu’au bout de sa foi, elle ne fait pas semblant : « Oui, Seigneur! dit-elle, et justement les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Non seulement elle appelle Jésus « Seigneur » pour la troisième fois, après l’avoir reconnu comme « Fils de David », ce qui signifie qu’elle le reconnaît comme le vrai Dieu, mais encore elle confesse sa soumission à l’histoire sainte qui effectivement fait du peuple d’Israël, le peuple choisi de Dieu. L’expression « petits chiens » employée par Jésus, au lieu de « chiens » employé par les Juifs, montre la délicatesse et la douceur avec laquelle Jésus traite les païens. Et Jésus, après avoir mis à l’épreuve la foi exemplaire de la païenne explose de joie : « Ô femme, grande est ta foi! ». La foi est un mouvement de confiance et d’abandon par lequel l’homme ou la femme renonce à compter sur ses propres pensées et sur ses propres forces, pour s’en remettre à la parole et à la puissance de Jésus. Devant une telle foi, Jésus ne peut rester insensible et il agit immédiatement : « Qu’il t’advienne selon ton désir!  Et de ce moment sa fille fut guérie ». La foi sauve, elle sauve même les païens qui croient en Jésus et qui vont cheminer vers Jésus. La Cananéenne est un exemple de foi pour les disciples de Jésus qui découvrent par la même occasion que n’importe qui, sans exception aucune, peut être sauvé. C’est pourquoi, à notre tour, nous devons comprendre que le racisme n’a pas sa place chez le chrétien : Juifs, Musulmans, Blancs ou Noirs, (Malabars et Chinois aussi !), tous peuvent être sauvés par le Christ, de même que tous les criminels du monde, eux aussi à l’exemple du bon larron sur la croix, peuvent être sauvés. Que Marie nous aide à nous unir à l’Amour qu’est le Christ, qu’elle nous aide à aimer le monde, sans exception et à ne rejeter personne.




19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 14, 22-33) – Francis COUSIN)

« N’ayez pas peur, c’est moi ! »

 

« Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins – oracle du Seigneur. » (Is 55,8).

Tout au long du passage de l’évangile de ce jour, cette phrase sera en arrière-fond de l’incompréhension entre les apôtres et Jésus.

Au début, tout allait bien. Les apôtres avaient distribué les pains et les poissons, et il en était resté. Tout le monde était content et satisfait, la foule, les apôtres et Jésus ; mais pas pour les mêmes raisons. La foule parce qu’elle était repue par l’enseignement de Jésus et par le repas, les apôtres parce qu’ils étaient fiers d’avoir participé activement au miracle de Jésus, et Jésus parce qu’il avait pu montrer son amour pour les petits.

C’est après que cela se gâte : la foule veut le faire roi d’Israël. Les apôtres sont contents, ils se voient déjà ministres ou avec des responsabilités. C’est la liesse !

Mais ce n’est pas ce que Jésus veut ! Il envoie, ou plutôt il « obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. »

La tête des apôtres ! D’un seul coup, les rêves disparaissent, ils se sentent trahis, ou au moins incompris. Ils auraient bien voulu saluer les gens à qui ils avaient donné du pain, histoire de montrer que c’est un peu grâce à eux qu’ils avaient eu à manger, de faire un peu les bravaches ! … Ils obéissent, mais ils l’ont mauvaise : c’est le crépuscule, l’arrivée des ténèbres, et partir sur la mer de Galilée, dans le royaume du mal, du démon, de la mort … et la nuit … C’est pas vraiment la joie !

Quant à Jésus, il renvoie la foule, tout seul, puis il monte sur la montagne, pour prier, se mettre en relation avec son Père, seul en sa présence. Moment de paix pour lui. Moment d’amour partagé, dans une immense confiance …

Toute la nuit s’écoule : Jésus dans la prière, les apôtres dans la barque, … et dans la tempête qui a levé. Le vent est contraire, ils ont dû affaler la voile, prendre les rames … Ils doivent en vouloir à Jésus de les avoir mis dans cette situation. La confiance disparaît … ils n’avancent pas, … et peu à peu, la peur s’installe en eux …

Vers la fin de la nuit, quand le jour commence à poindre, Jésus, soleil levant, se dirige vers eux, mais en marchant sur la mer agitée. Quand il approche de la barque, entre deux vagues, entouré de gouttelettes d’eau, les apôtres sont tellement fatigués et apeurés qu’ils crient, ils pensent voir un fantôme. C’est la panique totale …

Ils ne l’ont pas reconnu ! Et pourtant il était dans leurs pensées. Et même sans doute sentaient-ils le besoin de sa présence, de manière confuse … Mais c’était tellement irrationnel qu’ils ne pouvaient pas le reconnaître …

Alors Jésus leur dit : « Confiance, c’est moi ( εγω ειμι, Je suis ), n’ayez plus peur. »

Pierre regarde Jésus : « Ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. ». Jésus le fit, et Pierre, continuant de regarder Jésus, descendit de la barque et alla vers lui … jusqu’à ce qu’il se rendit compte de l’irrationalité de ce qu’il faisait : il quitta le regard de Jésus … Il se regarda lui-même, ses pieds, l’eau, le vent … et s’enfonça dans l’eau. Pris de panique, il regarde Jésus : « Sauve-moi ! ».

Jésus étendit la main, le saisit. « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

Quand Jésus et Pierre entrent dans la barque, la sérénité revient entre les hommes, la confiance en Jésus revient, la tempête entre le chemin des hommes et de Jésus disparaît … et la tempête sur la mer aussi.

« Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. » (Is 55,7)

Combien de fois sommes-nous comme les apôtres à rester accrochés à nos pensées humaines, à ne pas nous ouvrir aux pensées de Dieu ? À laisser des incompréhensions entre Dieu et les hommes ?

Trop souvent sans doute ! Et à chaque fois la cause est la même : l’éloignement entre nous et Dieu, éloignement physique, mais surtout éloignement dans nos cœurs. Et c’est toujours nous l’auteur, car Dieu ne s’éloigne jamais de nous. Il est toujours près de nous …

« Qui nous séparera de l’amour du Christ ? … Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8,35.39)

Seigneur Jésus,

nous t’aimons, et nous voulons

que tu sois toujours près de nous,

mais bien souvent,

c’est nous qui nous éloignons de toi,

et nous pensons que tu nous en veux

car nous ne comprenons pas que

tes chemins ne sont pas nos chemins.

 

Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 19°




18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD (Mt 14,13-21)

Le récit de la multiplication des pains est un récit que nous connaissons bien dans les Évangiles. Il nous est raconté pas moins de six fois : deux fois dans l’Évangile de Marc, une fois dans celui de Luc et une fois dans celui de Jean.

Dans l’Évangile de Matthieu, ce récit est relaté deux fois, au chapitre XIV puis à nouveau au chapitre XV. Ce dimanche, nous nous référons à la péricope tirée du chapitre XIV. Que nous apprend ce récit ? Je souhaiterais vous partager trois points :

  • Ce récit nous révèle que Dieu fait grâce

Par ses gestes, ses paroles, ses guérisons, ses miracles, Jésus nous a révélé le vrai visage de Dieu. Il nous a montré que Dieu n’est pas un être lointain et inaccessible. Bien au contraire, non seulement Dieu se fait proche et il se laisse trouver.

De même, Jésus nous a montré que Dieu n’est pas un tyran insensible à la souffrance humaine. Dieu est amour et miséricordieux et il est plein de compassion pour l’humanité.

Notre récit en est une parfaite illustration. Saint Matthieu nous révèle que Jésus fut pris de compassion envers cette « grande foule de gens » qui se présentait à lui et il « guérit [des] malades ».

La compassion de Jésus le conduit, non seulement, à manifester son identité et sa puissance divines, mais également, à rassasier la foule venue pour l’entendre : « environ cinq mille hommes ». Ce que nous devons conclure de ce premier point, c’est que le don de Dieu est abondant et gratuit pour les hommes et que personne n’en est exclue.

  • Ce récit fait écho à l’Eucharistie

Ce récit nous montre que Jésus se donne à nous sans compter. Dans l’Évangile, nous voyons les différentes manières dont il prend soin de la foule : il l’enveloppe de sa compassion, il guérit les malades, il enseigne et il ne néglige pas le besoin de nourriture.

À l’évidence la multiplication des pains annonce l’Eucharistie et ses futurs ministres. Nous retrouvons des termes de la consécration : « Il prit les cinq pains (…) et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples ».

Ce récit nous rappelle que le Christ se donne véritablement dans l’Eucharistie, dans sa Parole et son pain de Vie. En communiant au pain consacré, nous recevons la totalité du Christ, vrai Dieu et vrai homme, son corps, son âme, son esprit et sa divinité. C’est toute la personne du Christ ressuscité que nous recevons dans la foi.

Ce temps de vacances est propice pour mieux réfléchir sur notre rapport à l’Eucharistie ? Croyons-nous-en sa force pour notre route quotidienne ? Prenons-nous conscience que toute la compassion du Christ nous est donnée à chaque messe que nous célébrons ? Pourquoi nous priver d’un tel trésor ?

En bref, frères et sœurs : Dieu nous fait grâce et sa grâce est incomparable dans l’Eucharistie. Dieu se fait proche et sa proximité est immense dans l’Eucharistie. Encore faut-il nous ouvrir aux appels du Christ… Cela me permet d’aborder mon troisième point.

  • Ce récit nous révèle que Jésus compte sur nous

Dieu se donne à nous mais il compte aussi sur nous pour le transmettre aux hommes. Nous pouvons parfois sous-estimer ce fait. Oui Jésus compte sur nous !

Comme les disciples, nous sommes bien souvent tentés d’esquiver les problèmes ou les personnes qui causent ces problèmes : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! » Mais la réponse du Maître est tout autre : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

Jésus compte sur nos propres apports ! Cinq pains et deux poissons que s’empressent de récupérer les disciples : un faible apport, presque ridicule mais Jésus partira de cet apport pour procéder à la multiplication et ainsi rassasier la foule.

Nous pouvons retenir deux leçons :

  • Jésus ne privilégie pas la quantité mais la qualité de notre apport : « Apportez-les moi. »

  • Personne ne peut dire, je n’ai rien à apporter dans la Vigne du Seigneur ! Aussi humble que soit notre apport, s’il est sincère, il compte pour le Christ.

À la finale de l’Évangile, Matthieu précise qu’on ramassa douze paniers des morceaux qu’il restait. Ce chiffre douze est symbolique. Il renvoie aux douze Apôtres sur lesquels Jésus s’est appuyé pour bâtir son Église. Nous sommes les membres de son Église par la grâce de notre Baptême et de notre Confirmation. Nous avons à la suite des Apôtres à annoncer le Christ Ressuscité, l’unique Sauveur du monde. Ne négligeons pas notre appartenance à l’Église catholique et apostolique.

***********************

Pour conclure frères et sœurs, demandons au Seigneur de pouvoir mieux l’accueillir dans nos vies pour mieux le donner aux autres. Et qu’il nous donne de persévérer face à l’épreuve. Saint Paul dans la deuxième lecture nous rappelle que « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. »

Et certaines réalités évoquées par l’Apôtre ne nous laissent pas indifférents suite à cette pandémie du Covid-19 qui a perturbé notre monde : « La détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? » Non, rien de tout cela ! Ayons foi frères et sœurs que rien ne peut « nous séparer de l’amour du Christ ». Qu’il nous donne sa force, sa grâce et sa paix !

Père Rodolphe Emard.




18ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 14, 13-21) – Francis COUSIN)

« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

 

Ne nous arrive-t-il souvent, dans nos prières ou dans nos conversations, de dire à Dieu : « Dieu, tu devrais faire ceci ! » ou bien « Si Dieu existait, il aurait fait cela et tout le monde aurait été content ! » ou encore : « Tu vois notre situation avec le Covid-19, que ce soit sanitaire ou économique. Et c’est toujours les petits qui trinquent ! fais quelque chose pour nous ! ».

C’est une situation courante : dès qu’on a un problème qui nous semble insoluble, on demande à Dieu de nous venir en aide.

C’est ce qui est arrivé aux apôtres, devant la foule qui était assemblée autour de Jésus pour l’écouter ou pour attendre une guérison, et voyant la fin du jour arriver, ils se tournent vers Jésus pour lui dire : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! ».

La réponse de Jésus peut sembler surprenante : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. », ce qui pourrait vouloir dire « Débrouiller-vous ! ». Mais ce n’est pas du tout le cas.

En effet, comment Jésus aurait-il pu laisser tous ces gens sans se préoccuper d’eux ?

C’est ce qu’il faisait déjà depuis qu’il avait débarqué en les voyant tous, arrivés là sans rien prévoir, partis sur un coup de tête, ou plutôt un coup de cœur, avec femmes et enfants, pour écouter ’’le maître’’ : « Il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades. ».

À l’amour débordant de Jésus envers tous ces gens répond l’attente de ceux-ci pour son enseignement : l’écouter parler de la miséricorde de Dieu qui doit se traduire en une miséricorde entre tous les hommes, le voir guérir les plus petits, ceux que l’on néglige, les malheureux, les malades, les impotents … et louer Dieu pour ses bienfaits.

« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

« Oui ! Mais comment ? On n’a rien, ou presque : juste « cinq pains et deux poissons ! », c’est complétement dérisoire pour une foule comme celle-ci ! Même pour nous, cela n’est pas suffisant ! ».

C’est peu, c’est sûr, mais il y a déjà une démarche des apôtres qui va dans le bon sens : comme le disait La Fontaine dans le chartier embourbé : « Aide-toi, le Ciel t’aidera ! ».

Car c’est à partir de ce petit peu que Jésus va pouvoir accomplir le miracle de nourrir tout le monde … et de récupérer douze paniers de restes. Il se tourne vers son Père, prononce la bénédiction, rompt les pains, les donne aux apôtres pour qu’ils les distribuent à la foule. Il fera de même lors de la dernière cène …

Jésus prend soin de la foule, il la nourrit gratuitement … de la nourriture terrestre … mais aussi et surtout de la nourriture spirituelle … comme il le fait encore maintenant à chaque messe.

            C’est là qu’on peut comprendre le discours d’Isaïe : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. » (Is 55,1-3).

Écouter l’enseignement de Jésus, comme le fit la foule. Écouter l’enseignement de Jésus, comme nous devons le faire, pas distraitement, mais avec attention … et le mettre en pratique …

Écoutons la Parole de Dieu, communions au pain de vie, laissons-nous envahir par l’amour de Dieu, toutes choses qu’il nous donne gratuitement … pour que nous allions vivre de l’amour de Dieu et devenions des témoins de son amour pour tous les hommes.

« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

C’est ce que Dieu continue de dire à chacun de nous : donnez à ceux qui ont faim … du pain, de l’amour, de la reconnaissance, de l’espoir, de l’attention …

On ne s’en sent pas capable ? Il suffit de peu … ne serait-ce que la volonté de le faire ! Le reste, c’est l’affaire de Dieu …avec nous …

Seigneur Jésus,

puissions-nous être comme cette foule

qui quitte toutes ses occupations

et marche longtemps

pour aller t’écouter !

Tu l’as nourrie de ta Parole

et lui as donné à manger,

gratuitement !

Et que nous puissions rassasier

toutes les faims des hommes …

avec ton aide !

 

Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 18°




18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER

Jésus, Pain de Vie (Mt 14,13-21)

En ce temps-là, quand Jésus apprit la mort de Jean le Baptiste, il se retira et partit en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.
En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades.
Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! »
Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Alors ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. »
Jésus dit : « Apportez-les-moi. »
Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule.
Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait douze paniers pleins.
Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants.

 

Cette première multiplication des pains était destinée avant tout au Peuple d’Israël. La symbolique des chiffres nous le dit, à sa façon. Le chiffre « cinq » renvoie en effet très souvent dans la Bible à « la Loi de Moïse » retranscrite dans les « cinq » premiers livres, un ensemble que les Juifs appellent « la Torah », la Loi. « Mille » désigne la multitude. Ces « cinq mille » hommes représentent donc ici la multitude du Peuple d’Israël appelé à découvrir dans l’écoute et l’obéissance aux « cinq » livres de la Loi un chemin qui conduit à la vie. Et « les Douze paniers pleins » qui restent renvoient aux Douze tribus d’Israël…

            Les cinq pains que Jésus reçoit de ses disciples font donc allusion à ces cinq livres de la Loi. Mais dans ses mains, cette Loi va se transformer en un Pain de Vie qui se révèlera capable, par la suite, de nourrir non seulement Israël mais encore le monde entier. En effet, seul Jésus, « la Parole faite chair », permet à ceux et celles qui acceptent de le recevoir par leur foi d’atteindre le but que la Loi ne faisait qu’indiquer : une vie en communion avec Dieu en cet unique Esprit qui vivifie…

Prenons un exemple. Jésus disait, en commençant par rappeler la Loi : « Vous avez entendu qu’il a été dit aux ancêtres : « Tu ne tueras point » ; et si quelqu’un tue, il en répondra au tribunal ». Et aussitôt, il va lui substituer sa Parole : « Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal » (Mt 5,20s). Et Jésus se révèle ici bien plus exigeant que la Loi. En effet, il va directement à la racine de tout acte mauvais, le cœur, qui, avant de mal agir, s’est laissé envahir par l’envie, la cupidité, la méchanceté, la colère ou la malice… Que ce cœur se laisse plutôt remplir par l’Amour, le grand Don de Dieu ! « L’Amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit qui nous a été donné », écrit St Paul. Alors, celui qui le reçoit par sa foi, écrit-il encore, accomplira comme naturellement tous les préceptes de la Loi. « Car celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi. En effet, le précepte : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, et tous les autres se résument en cette formule : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. La charité ne fait point de tort au prochain. La charité est donc la Loi dans sa plénitude ».

            Avec ces cinq pains Jésus prend donc ici le cœur de l’Ancienne Alliance, la Loi de Moïse, qu’il redonne à ses disciples en Pain de Vie de la Nouvelle Alliance. Et avec lui et par lui, ce sera l’Esprit Saint, l’Esprit d’Amour qui vivifiera le cœur et la vie de tous ceux et celles qui accepteront de le recevoir. Désormais, ils n’auront plus à obéir aux multiples préceptes de la Loi, mais ils auront à cœur de demeurer fidèles à cette grâce de l’Esprit révélée et offerte par la Parole du Christ. « Celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu car il donne avec elles l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34)… Et c’est d’ailleurs en obéissant à cette Parole que l’Eglise, jusqu’à la fin des temps, célèbrera l’Eucharistie préfigurée ici par cette multiplication des pains : « Vous ferez cela en mémoire de moi »…

            Ainsi, par l’écoute de sa Parole, l’Eglise accueille la Vie de l’Esprit, cette même Vie qui est communiquée en surabondance par le Pain consacré sur l’autel. Et cet Esprit devient au cœur de celui ou celle qui le reçoit Source jaillissant en vie éternelle, Force d’Amour et de Paix capable de transfigurer, petit à petit, notre existence tout entière…                                                                                           DJF

   

 




Rencontre autour de l’Évangile – 18ième Dimanche du Temps Ordinaire

Jésus nourrit la foule »

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 14, 13-21)

Après le discours en paraboles, Jésus a fait un bref passage dans son village de Nazareth. Mais il a été mal accueilli : ses compatriotes croyaient le connaître, et ils n’ont  pas accepté qu’il puisse les enseigner avec sagesse et qu’il puisse faire des miracles. Quelque temps après, Jésus apprend que Jean Baptiste a été décapité par Hérode. C’est pour cela qu’il se retire dans un endroit désert…mais les foules ne le lâchent pas.

 

Soulignons les mots importants

Jésus vit une grande foule de gens : Quelle est l’attitude de Jésus ?

Il fut saisi de pitié : Quel sentiment  éprouve Jésus devant les foules qui le suivent ? Quelle est la préoccupation des disciples ?

L’endroit est désert : A quoi correspond le désert dans l’histoire du peuple d’Israël ? Comment  Dieu a-t-il nourri son peuple ? 

Donnez-leur vous-même à manger: Que signifie cette parole de Jésus ?

Cinq pains et deux poissons : a quoi peut servir une si petite provision ?

Apportez-les moi ici : pourquoi cette demande de Jésus ?

Il prit les cinq pains et les deux poissons. Levant les yeux au ciel…Prononça la bénédiction ; Il rompit les pains, Les donna aux disciples, les disciples les donnèrent à la foule : Que nous rappellent les paroles et les gestes Jésus ? Et que penser du rôle des disciples ?

Tous mangèrent à leur faim : De quoi les hommes ont-ils faim ?

On ramassa douze paniers pleins : A quoi nous fait penser ce nombre « douze » ? Est-ce que les « douze paniers pleins » auraient une signification dans la pensée de l’évangéliste ?

Cinq mille hommes : Pourquoi on ne compte que les hommes ?

 

Pour l’animateur   

  • Une grande foule: Jésus avait prévu de se retirer dans un endroit désert, après la mort cruelle de Jean Baptiste… mais les foules sont là, et il est disponible

  • Le désert où Jésus nourrit la foule rappelle le désert de l’Exode où Dieu a nourri son peuple par le miracle de la manne. Jésus fait comme Dieu. C’est lui qui apporte la vie du Père. Il est lui-même le pain du ciel. (Cf Jn 6) Les chrétiens vivent leur foi comme un nouvel exode spirituel ; ils sont nourris d’une manne nouvelle.

  • L’expression « Jésus fut saisi de pitié» exprime la tendresse de Jésus devant la détresse des hommes et devant la faim des hommes de tous les temps.

  • Jésus veut responsabiliser ses disciples en leur demandant de ne pas renvoyer la foule et de trouver eux-mêmes de quoi la nourrir. Il leur demande de se mettre à l’action. Il veut les associer au miracle en leur demandant de mettre à sa disposition le peu qu’ils ont.

  • Et dans la réalisation du miracle il fait participer ses disciples.»

  • le peu devient surabondance dans les mains de Jésus : Jésus attend qu’on mette les pauvres moyens entre ses mains.

  • Jésus, à travers ce miracle, pense à un autre. Il fait les mêmes  gestes qu’il fera à la Cène : « il prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples » (Mt 16,26)

  • Le rôle que Jésus confie aux disciples dans la distribution du pain: la multiplication des pains annonce l’eucharistie et le rôle des ministres. Nous pouvons penser à nos célébrations eucharistiques, surtout lors des grands rassemblements. Le célébrant reprend les paroles et les gestes de Jésus.

  • Tous mangèrent à leur faim: Jésus veut nourrir spirituellement les hommes, répondre à leur faim d’absolu : les nourrir de Dieu, qui seule peut combler la faim des hommes.

  • Les douze paniers nous font penser au « Douze»  tribus d’Israël, aux Douze apôtres qui eux-mêmes représentent toute l’humanité appelée à devenir le Peuple de Dieu. Les paniers sont pleins, pour signifier qu’il y aura du pain en abondance pour toutes les foules à venir et jusqu’à la fin des temps. Jésus n’a-t-il pas dit : « je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ». (Jn 10, 10)

  • Au temps de Jésus, dans la mentalité juive, les femmes et les enfants n’avaient pas beaucoup de place dans la société : c’est pour cela qu’on ne les compte même pas. Jésus a rétabli l’égalité dignité des personnes  qu’elles soient hommes, femmes ou enfants.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Seigneur Jésus, nous admirons ta disponibilité : tu n’avais pas prévu cette foule de gens. Tu n’es pas resté indifférent à leurs attentes, à leur faim. Tu n’as pas agi seul. Tu as associé tes disciples à ton œuvre : tu n’as pas voulu qu’ils restent sans rien faire. Tu les as mis à l’action. Et avec le peu qu’ils t’ont apporté, tu as fais des merveilles pour nourrir cette foule. Tu es venu apporter la vie en abondance, la vie de Dieu pour tous.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Jésus nous donne une leçon de disponibilité : nos plans sont parfois contrariés. Une visite inattendue, un service qu’on nous demande, un temps de repos que le téléphone vient arrêter, un enfant qui veut être écouté, telle présence contraignante… Avons-nous un cœur prêt à accueillir, à aimer, à s’émouvoir ?

Notre paroisse a la responsabilité de rassembler les foules aujourd’hui pour les nourrir de sa Parole et de son Corps. Que faisons-nous ?

Comme les disciples, devant les grands défis du monde d’aujourd’hui, la déchristianisation,  les problèmes de la faim, les richesses qu’il faudrait partager, les conflits, la violence… ne disons-nous pas : il n’y a rien à faire…à quoi bon ce petit geste de paix, ce petit partage, cette petite association humanitaire…Est-ce que nous pensons à mettre nos pauvres moyens humains dans les mains du Seigneur ?

Jésus multiplie pour nous les pains AUJOURD’HUI afin de combler notre faim de VIE,  notre faim d’AMOUR, notre faim de PAIX… notre faim de DIEU : comment recevons-nous la nourriture de vie éternelle, le pain de l’Eucharistie ?

 

Ensemble prions

Chant : Voici le pain de notre table p.135

Donne ton pain, Seigneur, à ceux qui ont faim,

Donne faim de toi à ceux qui ont du pain

Car toi seul Seigneur peux rassasier notre désir.

Donne ta force à ceux qui sont faibles

Donne l’humilité à ceux qui se croient forts,

Car toi seul, Seigneur, es notre force.

Donne confiance à ceux qui ont peur

Donne ta crainte à ceux qui ont trop confiance en eux

Car toi seul, Seigneur, soutiens notre espérance.

Seigneur Jésus, qui as rassasié la foule affamée au désert

Avec cinq pains d’orge et deux poissons, nous te prions :

Donne à chaque être humain le pain de la terre et le pain du ciel,

rassasie notre faim d’éternité. Toi, le Pain vivant descendu du Ciel. Amen

 

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 

18ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 

 

 

 

 

 




18ième dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

 Multiplication des pains

Mt 14, 13-21

 « Jésus partit en barque en un endroit désert ». C’est par ces mots que débute l’Evangile que nous venons d’écouter. Jésus vient d’apprendre la décapitation de Jean-Baptiste. Il a besoin de prendre du large et surtout il a besoin d’être seul, de se retirer un moment du monde, de se retrouver face à lui-même pour faire le point et de dialoguer dans l’intimité de son Père.

Il part en barque, traverse le lac : il sera tranquille de l’autre côté, loin de cette foule qui l’entoure de toutes parts et qui l’assaille sans cesse de cris, de demandes de guérisons, de prières diverses. Or, quand il débarque sur la rive : la foule est là, déjà là. Elle est là, car elle a faim. Remarquez qu’elle ne réclame pas de pain. Elle a faim de son enseignement, elle a faim de lui. En elle, s’est levé une grande espérance, et puis, il faut bien le dire aussi, elle voit en lui un faiseur de miracles, un magicien différent des autres.

Combien de fois, nous-mêmes, n’avons-nous pas fait cette demande vers le Christ, non pas pour écouter sa parole, pas même pour bénéficier de sa grâce, mais pour demander, quêter, tendre la main pour satisfaire ou résoudre des situations purement humaines, qui n’ont pas grand-chose à voir avec le Royaume de Dieu.

Et Jésus, cependant, a compassion de cette foule. On dit qu’il fut « saisi de pitié ». « Pris aux entrailles » serait la vraie traduction. Et le voilà qui se remet à guérir, qui parle et on l’écoute.

Mais bientôt, le soir vient. La foule est toujours là, en attente d’autre chose certainement. Pourquoi, autrement serait-elle encore autour de lui ? Mais vous connaissez tous, la suite, ce fameux texte de la multiplication des pains : raconté six fois dans les Évangiles tant il avait frappé les apôtres, par la matérialité des faits, mais aussi et surtout par le signe qu’elle donnait à l’Eglise.

– Trop souvent nous n’avons retenu que le côté miraculeux, le côté extraordinaire, le merveilleux. Nous cherchons seulement  » comment  » il a pu faire, alors que nous devrions d’abord nous demander « pourquoi  » il l’a fait ce miracle et sa véritable signification.

– Ne voir dans les miracles de la Bible, dans ceux de Jésus que des évènements extraordinaires qui relèvent de la magie, c’est cacher le message. Dans chaque miracle : Jésus fait signe, il nous fait signe, il veut nous dire quelque chose.

Chaque miracle est un message de Dieu, un message que nous devons décrypter, déchiffrer, comprendre. Nous ne devons pas chercher « comment » cela s’est réalisé, comment cela fut matériellement possible, mais pourquoi il a fait ce miracle, découvrir le sens religieux qui se cache derrière le miracle lui-même.

Qu’est-ce-que Jésus veut nous dire par ce miracle ? Il veut d’abord faire le lien entre le Dieu de l’Ancien Testament et lui-même.

Rappelez-vous la manne, ce pain du désert avec lequel Dieu nourrissait son peuple. Il veut donner ce jour-là, un signe semblable à celui de Moïse : Jésus accomplit la loi du Sinaï. Il continue à nourrir son peuple. Il va lui donner un autre pain à manger : il le leur dira le lendemain à la Synagogue de Capharnaüm.

Mais la situation, ne l’oublions pas, est urgente : le soir venu, la foule est toujours là et ce sont les disciples qui pressent Jésus d’agir : « Renvoie donc cette foule. Qu’ils aillent dans des villages s’acheter à manger ! » et la réponse de Jésus est stupéfiante : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

Voilà que Jésus institue l’Église, dispensatrice du don de Dieu, les disciples distributeurs de la grâce de Dieu qui s’en remet aux hommes et qui leur donne une mission : « Donnez-leur à manger », l’Eglise qui reçoit la mission redoutable d’apaiser la faim et la soif des hommes !

Dieu ne veut pas et ne peut pas travailler en ce monde sans l’Eglise, sans les hommes. Il ne veut pas de subventions et d’assistanat à sens unique : il faut que l’homme apporte sa part et lui, il multipliera.

Ce n’est pas respecter quelqu’un, que de lui donner quelque chose, alors que, lui, n’a rien fait pour le mériter, pour apporter son concours. Alors, ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons».

C’est vrai, nous n’avons pas grand-chose à offrir. Pauvreté de l’Église pour convaincre le monde de l’amour de Dieu, pauvreté par rapport aux moyens dont disposent les promoteurs de valeurs matérielles !

En fait, nous ne sommes pas de taille pour lutter contre toute cette publicité qui déforme actuellement l’échelle des valeurs de notre société.

Cinq pains, deux poissons ! Nous n’avons pas les moyens de faire face. C’est dérisoire. Mais Dieu a besoin des hommes, il en a besoin parce qu’il les respecte et qu’il les aime et qu’il ne veut pas en faire des assistés. Jésus aurait pu se passer totalement de ces pauvres cinq pains de famine. Mais Dieu, Jésus, veut avoir besoin de moi, de chacun d’entre nous.

– « Il prit les cinq pains et les 2 poissons et levant les yeux au ciel,

il prononça la bénédiction, il rompit les pains et les donna aux disciples ».

Ces mots-là ne vous rappellent rien ? Ces gestes-là ne vous disent rien ? Ce sont les mêmes que ceux qui serviront à décrire la Cène, le Jeudi Saint, au moment d’instituer la Sainte Eucharistie : « Levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction, il rompit le pain et donna aux disciples ».

La multiplication des pains n’est que le signe avant-coureur du sacrement de l’Eucharistie. Le lendemain de ce jour, à la synagogue de Capharnaüm, il déclarera :

« Vos pères ont mangé la manne au désert et aujourd’hui, vous êtes ici, parce que hier, vous avez mangé du pain. Mais le pain que Dieu donne, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde ».

Jésus leur déclara : « Je suis le pain de vie, celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ! ». « Il donna le pain aux disciples et les disciples les donnèrent à la foule », comme tout à l’heure à la communion, le prêtre et ses délégués vous donneront le pain de vie.

Cette multiplication des pains est déjà une véritable liturgie, annonciatrice de nos messes, et le rôle du prêtre à la messe n’est autre que celui des apôtres qui faisaient passer, de personne en personne, la nourriture de Dieu.

 

Le pape Jean Paul II, dans son message au Congrès International Eucharistique de Lourdes, rappelle le rôle sacré des prêtres : « Les prêtres, ayant reçu le Sacrement de l’Ordre, assument, au milieu des peuples des baptisés, la place du Christ, tête de son Eglise : leur ministère sacré est indispensable pour signifier que la ‘’fraction du pain réalisée par eux est un don reçu du Christ qui dépasse radicalement le pouvoir de l’assemblée’’ » et ce pain est donné à profusion.

 

 

« Des morceaux qui restaient, on ramassa douze paniers pleins ». Les dons de Dieu ne sont pas mesurés : sa grâce est toujours surabondante, tout comme à Cana où il y avait six cent litres de vin. Douze paniers, comme les douze apôtres, ces douze paniers dans lesquels nous puisons encore aujourd’hui en les distribuant à la foule : cette nourriture demeure pour ceux qui sont appelés à partager le même repas dans l’aujourd’hui de l’Eglise. Chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie, nous puisons, en quelque sorte dans les douze paniers qui furent confiés, ce soir-là, aux douze apôtres.

« Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ».

Pain rompu pour un monde nouveau. AMEN




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

1Rois 3 5, 7–12 ; Romains 8 28–30 ; Matthieu 13 44–52

Nous avons aujourd’hui trois paraboles qui vont nous donner une approche de ce qu’est le Royaume des Cieux. Mais déjà nous pouvons dire que rien n’est réellement comparable au Royaume des Cieux. Matthieu est obligé de prendre des exemples tirés de la vie terrestre que tous connaissent pour essayer de nous donner un aperçu de ce qu’est ce Royaume. Et les exemples pris sont ceux qui pourraient intéresser le maximum de personnes car on parle de trésor caché, de négociant en quête de perles fines et de filet de pécheurs capable de ramener toutes sortes de choses.

 « Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui était caché dans un champ et qu’un homme vient à trouver : il le recache, s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède, et achète ce champ ». Au temps de Jésus, il n’y avait pas encore de coffre-fort pour y mettre un trésor. On le cachait donc dans la terre. Et voilà un homme qui trouve un trésor caché dans un champ, et ce trésor caché ressemble au Royaume des Cieux que nous ne pouvons voir mais que nous recherchons tous. Matthieu parle de « Royaume des Cieux » tout simplement parce qu’il est Juif et par conséquent il n’ose pas employer le mot « Dieu » qui est transcendant, mais c’est bien du Royaume de Dieu qu’il parle.  On ne dit pas si l’homme cherchait ce trésor depuis longtemps ou si c’est par hasard qu’il le trouve. Certains vont prendre toute leur vie pour chercher le Royaume de Dieu et d’autres, par la grâce de Dieu, vont le trouver bien plus facilement, dès leur plus jeune âge. Bon nombre de saints ou de saintes ont connu le Royaume de Dieu très tôt, d’autres comme Saint Paul le découvrent par miracle de Dieu, et d’autres devront le chercher encore jusqu’à la fin de leur vie.

Mais voir le Royaume de Dieu ne dépend pas du temps ou de la durée de vie, mais plutôt de certaines attitudes évoquées dans les Béatitudes. Mt 5,3 : « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux » ; Mt 5,8 : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » ; Mt 5,10 : « Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux ». Le trésor caché et trouvé, l’homme aurait pu tout simplement le voler, mais il ne l’a pas fait et a préféré vendre tout ce qu’il possède pour acheter le champ. Cet homme apparaît comme quelqu’un d’honnête, qui fait les choses en respectant la loi. Et s’il agit ainsi, c’est non seulement parce que ce trésor a beaucoup de valeur pour lui, mais parce qu’il est « ravi » de pouvoir posséder ce trésor. Ce n’est plus alors une simple question d’intérêt pécuniaire, mais surtout il a une joie immense d’avoir bientôt ce trésor. C’est cette joie qui devient le motif principal de son intérêt pour ce trésor.  Ceux qui consacrent leur vie à Dieu, tels que tous ceux qui ont reçu le sacrement de l’ordre, prêtres, évêques, Pape et tous les religieux et religieuses, ont tout donné ou tout quitté pour être à Dieu. Dieu a, pour eux, bien plus de valeur que tous les biens de la terre. Ils ont tout quitté pour Lui seul. Et parmi eux, il y a de tout : des illettrés, des pauvres, des gens très intelligents et même un ancien Trader (qui travaillait à la Bourse où l’on peut gagner des millions d’Euros ou de dollars en une seule transaction), des médecins, des philosophes, des penseurs, des enseignants, des infirmiers ou infirmières, certains prêtres ayant même trois doctorats. Ils auraient donc pu gagner facilement leur vie s’ils le voulaient, avoir une famille et des enfants, mais la joie de la découverte du Royaume de Dieu a été bien plus forte. Ils ont tout quitté pour Dieu.

« Le Royaume des Cieux est encore semblable à un négociant en quête de perles fines : 46 en ayant trouvé une de grand prix, il s’en est allé vendre tout ce qu’il possédait et il l’a achetée ». Le point commun avec la première parabole est le fait que dans les deux cas, les deux personnes ont tout vendu pour acquérir soit le champ dans lequel se trouve le trésor, soit les perles fines. Il fallait tout vendre pour acquérir ce qu’ils voulaient. Autrement dit, il ne faut pas s’attacher à tout ce que l’on possède et même se déposséder de tout…pour avoir ce qui est semblable au Royaume des Cieux. Ne pas avoir de biens, ne pas s’attacher aux biens matériels, se déposséder semblent être la condition nécessaire pour avoir le Royaume de Dieu. Le Ps 61,11nous dit : « Si vous amassez des richesses, n’y mettez pas votre cœur ». Et dans les deux cas, l’un et l’autre n’ont pas hésité un seul instant à tout vendre afin d’acheter ce qui est semblable au Royaume des Cieux. C’est une occasion à saisir immédiatement, et le temps presse, il faut agir vite car suite à la vente de tout ce qu’on possède, l’achat du champ ou des perles fines suivent immédiatement, presque sans réfléchir, juste après avoir trouvé ou le trésor ou les perles fines. Si on parle, comme ces deux chanceux, en termes d’intérêts, on peut dire que l’on gagne au change à posséder le Royaume plutôt qu’à garder tout ce qu’on possède. Et c’est là que les saints arrivent, par leur propre expérience de vie, à parler de détachement et de désencombrement, mais eux ne parlent plus en terme d’intérêts mais en termes d’amour, de vertus et d’humilité. Et bien plus que nos biens matériels, il faut surtout se désencombrer de bien d’autres choses.

Sainte Thérèse d’Avila par exemple nous parle du « point d’honneur » auquel chacun de nous est attaché. Elle nous dit (Chemin de la Perfection P. 97-98) : « Là où règne le point d’honneur et l’amour des biens temporels, il n’y a point de détachement. Surveillez attentivement vos mouvements intérieurs, surtout ceux qui concernent les prééminences (c’est-à-dire la supériorité de rang, de dignité, de droit, de degré). Que le Seigneur nous préserve par sa douloureuse Passion de nous arrêter à toute pensée ou parole comme les suivantes: Je suis plus ancienne en religion, je suis plus âgée, j’ai travaillé davantage, on a plus d’égards pour telle soeur (ou tel frère) que pour moi. Il faut résister à ces pensées, dès qu’elles se présentent; si vous vous y arrêtez, si vous venez à en parler, c’est une peste, et la source de grands maux…Une âme parfaite peut pratiquer partout le détachement et l’humilité”. Saint Louis Marie Grignion de Monfort (Traité de la vraie devotion à Marie) nous dit : “Quand Dieu met dans …notre âme, gâtée par le péché originel et actuel… ses grâces et rosées célestes … ses dons sont ordinairement gâtés et souillés par le mauvais levain et le mauvais fond que le péché a laissés en nous; …. Il est donc d’une très grande importance, pour acquérir la perfection, qui ne s’acquiert que par l’union à Jésus-Christ, de nous vider de ce qu’il y a de mauvais en nous ». Et Grignion de Monfort nous dit : 1 – Pour nous vider de nous-mêmes, il faut, premièrement, bien connaître, par la lumière du Saint-Esprit, notre mauvais fond, notre incapacité à tout bien utile au salut, notre faiblesse en toutes choses, notre inconstance en tout temps, notre indignité de toute grâce, et notre iniquité en tout lieu. 2 – Il faut tous les jours mourir à nous-mêmes: c’est-à-dire qu’il faut renoncer aux opérations de puissances de notre âme et des sens du corps, …ce que saint Paul appelle mourir tous les jours…Si nous ne mourons pas à nous-mêmes, et si nos dévotions les plus saintes ne nous portent à cette mort nécessaire et féconde, nous ne porterons point de fruit qui vaille, et nos dévotions nous deviendront inutiles, toutes nos justices seront souillées par notre amour-propre et notre propre volonté, ce qui fera que Dieu aura en abomination les plus grands sacrifices et les meilleures actions que nous puissions faire ».

« En toutes circonstances et dans tous les états de vie, dans les dévotions privées comme dans la liturgie, il y a une attitude d’âme qui s’impose à qui veut arriver au sommet…Quelle que soit la montagne de votre vie, il y a une manière d’en faire l’ascension par les chemins à pic… » (Introduction des Œuvres complètes de Saint Jean de la Croix – P.10). Dans son livre « la Montée du Mont Carmel », Saint Jean de la Croix montre (P.12) « le travail personnel de dépouillement fourni, avec l’aide de la grâce, par l’âme en marche vers Dieu, travail personnel qui, sur terre, ne cessera jamais ». (P.13) : « Le principe du détachement absolu …vaut pour tous les chrétiens, de quelque époque qu’ils soient et à quelque milieu qu’ils appartiennent ». – Dans la première parabole, l’homme qui a trouvé le trésor caché dans un champ vend tout pour acheter le champ, et dans la deuxième, le négociant vent tout et achète les perles fines. Mais le Royaume de Dieu, on ne peut pas l’acheter ou le posséder. Le Royaume des Cieux, ce n’est ni le trésor caché dans le champ, ni les perles fines. Le Royaume de Dieu est bien plus important que des objets, même de grande valeur. Alphonse Maillot (« Paraboles de Jésus » – P.65) nous dit : « Le Royaume n’est pas une chose morte « qu’on peut prendre ou laisser, qu’on peut posséder ou abandonner, qu’on peut gagner ou perdre, comme n’importe quoi…Le Royaume n’est pas une « chose », il implique l’homme et pas seulement l’homme qui a trouvé mais qui cherche. Il en fait un homme du Royaume ».

Et effectivement les paraboles parlent de personnes qui ont trouvé et qui s’impliquent, s’engagent pour arriver au but. C’est ce que nous montre la troisième parabole où les pécheurs lancent leur filet, puis le tirent sur le rivage où ils s’assoient et recueillent ce qu’il y a de bon, rejettent ce qui ne vaut rien. Nous sommes ces pécheurs et nous devons trier ce qui est bon en nous pour les garder et les perfectionner, et rejeter ce qui est mauvais. Le royaume de Dieu est déjà sur terre. Il concerne ceux qui agissent sans cesse pour arriver au but et être comme cet homme qui a trouvé, qui ensuite va tout quitter pour atteindre le but de son désir ; comme ce négociant qui pareillement a trouvé des perles fines et fait tout pour les avoir ; comme ces pécheurs qui ont ramené toutes sortes de choses dans leur filet et en font le tri. Ils sont tous dans l’action et en agissant ainsi, nous sommes déjà des hommes du Royaume. Car nous dit 1Co 4,20 : « Le Royaume de Dieu ne consiste pas en paroles mais en action », c’est-à-dire des réalisations en nous de la puissance de l’Esprit Saint et qui devront se manifester d’abord par des actes qui témoignent de notre conversion véritable. Le Royaume est comparé à une « attitude dynamique de découverte de valeur et de joie, de recherche et de trouvaille, de vente et d’achat » (Bernadette Escaffre). Et cela, c’est l’affaire de tous et de chacun et particulièrement des chrétiens qui ont encore en eux et par la grâce de Dieu, le souffle vivifiant de la foi et l’amour. Que Marie nous aide à chercher, à trouver, à atteindre ce que nous désirons et qui est à la portée de tous : le Royaume de Dieu.




17ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 13, 44-52) – Francis COUSIN)

« Dans sa joie,

il va vendre tout ce qu’il possède … »

 

Nous terminons aujourd’hui ce chapitre de Matthieu sur les paraboles concernant le Royaume des Cieux avec trois paraboles : une qui nous rappelle celle de dimanche dernier avec le bon grain et l’ivraie, la troisième, et deux autres au début, très courtes et qui se ressemblent.

Dans les deux cas, une personne découvre de manière impromptue quelque chose à laquelle il ne s’attendait pas, qui a pour lui une grande valeur. Dans le premier cas, un trésor enfoui dans un champ, dans le second une perle de grande valeur. Et la réaction de chacun est la même : « vendre tout ce qu’il possède » et acheter le champ ou la perle.

Notre première réaction risque certainement d’être : « Il est fou ! Vendre tout … pour un trésor ou une perle de grande valeur, d’accord … si on récupère largement ce qu’on a vendu ! Mais pour le Royaume de Cieux … C’est risqué ! C’est énorme ! On risque d’obérer toute sa vie sur un coup de tête … sans compter la famille, les enfants … ce qu’en pensent les voisins … ».

Oui, mais il s’agit du Royaume des Cieux ! Et ce trésor qui est caché, il est à la portée de tout le monde. Mais on ne le voit pas … avec nos yeux humains !

Il faut que ce soit Dieu qui nous ouvre les yeux pour que nous le découvrions. Et nous pouvons tous le découvrir, parce que, même découvert, il est toujours là. Ce n’est pas comme le trésor de La Buse (s’il existe) !

Alors on peut se poser la question : ai-je découvert ce trésor ?

Une manière de le savoir nous est donnée par le texte de l’évangile : « Dans sa joie … »

Est-ce que la Parole de Dieu, la Parole de Jésus, me met dans la joie ? Est-ce que je suis heureux de suivre l’évangile, comme le dit le psaume : « Mon partage, Seigneur, je l’ai dit, c’est d’observer tes paroles. Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent. » ?

Ou encore : « Déchiffrer ta parole illumine, et les simples comprennent. » : La Parole de Dieu, déchiffrée avec l’aide de l’Esprit Saint, illumine ; elle met dans la joie. Et les gens simples comprennent, comme le disait l’évangile au début du mois : « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25).

La Joie, Jésus nous y invite : « Entre dans la joie de ton Seigneur. » (Mt 25,23) juste avant la parabole du jugement dernier, car il y a une condition pour y entrer : faire fructifier les talents que Dieu nous a donnés, comme pour ici : vendre tout ce qu’on possède, se dénuder devant Dieu pour accepter ce qu’il nous donne, comme le fit saint François d’Assise devant son père et son évêque.

Pour beaucoup de personnes, Dieu, Jésus et ses enseignements, ses Paroles, sont considérés comme des ’’rabat-joie’’.

Pourquoi cela ?

Est-ce vraiment la Parole de Jésus qui les ennuie ? … ou n’est-ce pas plutôt le manque de Joie, d’enthousiasme, de la part des chrétiens qu’ils rencontrent ?

Car la joie peut être un attrait, comme le rappelle l’exemple suivant : « Une jeune femme venait pour un stage d’éducatrice spécialisée au Home Jacques-Sevin, une maison pour garçons en difficulté fondée par les religieuses et accolée au prieuré. ’’Je suis rentrée dans la congrégation, car les sœurs rayonnaient de joie, elles savaient rire et jouer’’ ».

Saint Paul n’est pas en reste : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche » (1Th 5,16), et il insiste : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie … Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » (Ph 4,4.7).

La paix de Dieu, avec lui, auprès de lui, c’est notre espérance à tous quand nous serons dans le Royaume des Cieux.

Seigneur Jésus,

nous espérons tous nous retrouver

avec toi

dans le Royaume des cieux,

et cela devrait nous réjouir.

Mais pourquoi ne le montrons-nous pas ?

Pourquoi cacher notre joie ?

Aide-nous à être des témoins joyeux !

Francis Cousin

 

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 17°




16ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 13, 24-43) – Francis COUSIN)

« L’ivraie … »

 

L’ivraie, qui est une céréale de mauvaise qualité et qui apparemment n’existe plus à notre époque, est écrite dans l’évangile de Matthieu, en grec, ζιζανιον, qui a donné en français le mot zizanie.

Dans la parabole, le maître du champ, celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme, c’est-à-dire Jésus. Il fait tout ce que son Père fait : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5,19). Or Dieu est amour et miséricorde, « lent à la colère et plein d’amour » (Psaume) …

Quand l’ennemi de Dieu, le Malin, sème dans son champ de l’ivraie, le semeur, toujours miséricordieux, préfère attendre le temps qu’il faut pour que cette ivraie, cette zizanie semée par le Diable, puisse se transformer de mauvais esprit en bon esprit. Dieu pense toujours que l’homme peut devenir bon.

C’est pourquoi le maître demande à ses ouvriers d’attendre la moisson : « Au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.” »

Dieu veut laisser à l’homme le temps de changer d’état d’esprit.

Mais il ne faut pas attendre que ce changement ne vienne que de celui qui est ’’mauvais’’. Tout seul, il ne peut pas y arriver, le Mal est trop fort … et encore faut-il qu’il se rende compte qu’il est dans le mal …

Il faut aussi que ceux qui sont ’’bons’’ (tout est relatif … il ne faut pas non plus s’enorgueillir …) fassent ce qu’il faut pour les aider, en leur parlant ainsi que le conseille Jésus : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. » (Mt 18,15), mais aussi en priant pour eux, comme l’a demandé la Vierge Marie à Lourdes : « Priez Dieu pour la conversion des pécheurs. » ou comme l’a fait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus pour Pranzini. La prière, quand elle est pure, est le plus puissant des remèdes contre les maux du monde.

Nous qui sommes dans le monde, comme semés dans le champ … sommes-nous sûrs que nous soyons du bon grain ?

Sommes-nous sûrs que ceux que nous n’aimons pas ou qui nous semblent mauvais soient vraiment du mauvais grain, de l’ivraie, qui sèment la zizanie … ?

Que n’entendons-nous pas souvent, ou même que nous le disions … « Celui-là, c’est un bon à rien ! », … « Il n’y a rien à en tirer ! », … « Avec ce qu’il a fait, on ferait mieux de le tuer !! » … ou d’autres choses aussi innommables … et in-évangéliques.

Dire des choses comme celles-là, n’est-ce pas se prendre pour Dieu, pour le maître de la moisson ? Celui qui dira, au jour venu, « Viens à ma droite, toi qui est béni de mon Père, car tu as fait œuvre de miséricorde … et toi, maudit, pars loin de moi dans le feu éternel. » (cf Mt 25,31ss). « [les anges] les jetterons dans la fournaise, là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. ».

Prenons plutôt l’attitude du pape François qui disait : « Qui suis-je pour te juger ? ».

Nous sommes tous à certains moments du bon grain, et à d’autres de l’ivraie, nous mettons de la zizanie.

À chacun de nous de brûler dès maintenant cette zizanie, cette ivraie qui est en nous, de manière à faire apparaître le bon grain, la semence d’amour que le Père a mis en nous.

 « Mes frères, si l’un de vous s’égare loin de la vérité et qu’un autre l’y ramène, alors, sachez-le : celui qui ramène un pécheur du chemin où il s’égarait sauvera son âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. » (Jc 5,19-20)

Et prions pour la conversion des pécheurs !

Seigneur Jésus,

comme il est difficile de vivre ton évangile !

Trop souvent, nous nous comparons aux autres,

et bien sûr, nous nous considérons

comme meilleurs qu’eux …

Donne-nous l’humilité de nous reconnaître

pécheurs tout comme eux,

et aide-nous à prier pour eux !

Francis Cousin

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 16°