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17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (Jn 6,1-15)

Jésus se rend de l’autre côté de la mer de Galilée. Une foule le suit à la vue des signes qu’il opérait. Les signes, ce sont les miracles. Les gens le suivent à cause de ses miracles. Parmi eux, il y a ceux qui n’ont pas la foi, les sceptiques, qui le suivent pour voir si les miracles sont réels, ou encore les curieux qui recherchent le merveilleux, le surnaturel. D’autres ont une foi qui demandent à être consolidée et ils ont besoin de voir pour croire. Les miracles peuvent aider ceux qui n’ont pas la foi ou ceux qui ont une foi primaire à avancer davantage dans la foi. Parce qu’ils voient, ils croient. A ceux qui ont besoin de voir le Christ opérer des miracles, ou encore à ceux qui ont besoin d’entendre le Christ leur parler, ou encore d’être touché intérieurement, on dit qu’ils ont une foi « sensible », une foi qui s’appuie sur les sens : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût, le toucher, mais aussi sentir sa présence intérieurement, être touché au cœur par l’amour du Christ, avoir une grande paix etc… Il faut toujours que le Christ se manifeste à eux de manière sensible pour que leur foi ne s’éteigne pas. Et à partir du moment où le Christ ne leur donne plus aucun signe pendant un long moment, alors leur foi se met à décliner. Il ne faut pas qu’il en soit ainsi.

Concernant le sacrement de l’Eucharistie, le Seigneur ne se manifeste pas à nous par les sens: nous ne voyons pas le Christ en personne, nous ne percevons pas non plus sa présence intérieurement, mais parce qu’il nous l’a enseigné, nous savons qu’il est là, présent sous forme de pain et de vin. Et c’est Lui qui nous dit : « ceci est mon Corps, ceci est mon sang ». « C’est donc sur la Parole du Christ que notre foi repose pour croire à une autre réalité que ce que nos yeux voient. Saint Pierre-Julien Aymard résume admirablement cette démarche : « la foi, c’est l’acte pur de l’esprit, dégagé des sens. Or, ici les sens ne servent à rien, ils n’ont pas d’action. C’est le seul mystère du Christ (et on parle ici de l’Eucharistie) où les sens doivent absolument se taire; dans tous les autres, dans l’Incarnation, les sens voient un Dieu enfant, dans la Rédemption, on imagine un Dieu mourant. Ici (à l’Eucharistie), rien qu’un nuage impénétrable pour les sens. La foi doit agir seule: c’est le royaume de la foi. Ce nuage nous demande un sacrifice bien méritoire, le sacrifice de notre raison et de notre esprit ; il faut croire même contre le témoignage des sens (à l’Eucharistie, nous ne voyons qu’une hostie, mais notre foi nous donne l’assurance que c’est le Seigneur !), il faut croire également contre les lois ordinaires des êtres (un être humain a une tête, un corps et des membres, et ici, la présence de Dieu se fait autrement que sous forme humaine, sous forme d’hostie, et nous croyons que c’est le Seigneur !), il faut croire même contre sa propre expérience (et mon expérience me dit que je voie une hostie, mais ma foi me dit incontestablement que c’est bien le Christ puisqu’il l’a dit lui-même : Ceci est mon corps, et donc je me base sur la parole même du Christ qui est la Vérité); il faut croire sur la seule parole de Jésus-Christ…Devant le mystère de l’Eucharistie, le Christ nous appelle à capituler à toutes nos raisons pour rentrer dans sa Raison paradoxale. Paradoxale parce qu’informée par l’Amour (parce que notre raisonnement est basé non pas à partir de la réalité sensible, mais sur l’Amour). Dieu nous appelle à nous rendre. A nous rendre à l’Amour plus fort que la mort. L’Eucharistie et la Croix sont des pierres d’achoppement» (Nicolas Buttet – L’Eucharistie à l’école des saints – P.31). Le chrétien, celui qui a une foi profonde n’a pas besoin de miracles pour croire aux signes du Christ, il se base sur la simple Parole de Dieu. Dieu dit et je crois. Dieu fait et je crois. Saint Louis-Marie Grignion de Monfort nous dit (L’amour de la Sagesse Eternelle – §187): « La pure foi est le principe et l’effet de la Sagesse en notre âme (et traduit en clair, cela signifie : la foi pure nous vient de la présence du Christ en notre âme et cette présence divine en notre âme nous permet d’avoir une foi pure) : plus on a de foi, et plus on a de sagesse (= présence du Christ) ; plus on a de sagesse (= présence du Christ), plus on a de foi. Le juste, ou le sage (en qui vit le Christ), ne vit que de la foi sans voir, sans sentir, sans goûter et sans chanceler. … Le sage ne demande point à voir de choses extraordinaires comme les saints ont vu, ni à goûter des douceurs sensibles dans ses prières et ses dévotions. Il demande, avec foi, la divine Sagesse, c’est-à-dire la présence du Christ en nous”.

Devant cette foule qui est venue à la suite de Jésus, ce dernier semble s’inquiéter et dit à Philippe : « Où achèterons-nous des pains pour qu’ils aient de quoi manger ?  En parlant ainsi, il le mettait à l’épreuve ; il savait quant à lui, ce qu’il allait faire ». Ainsi, Dieu, parfois, nous met tous à l’épreuve : nous prions beaucoup, et Dieu semble ne pas exaucer nos prières ; nous venons à la messe et nous devrions recueillir, à cause du sacrifice du Christ, les bénédictions et les grâces données par le Père, mais de notre côté, rien ne semble changer et on finit par se dire : à quoi servent nos prières ? à quoi cela sert-il de venir à la messe ? En la matière, l’ignorance est notre pire ennemie, et c’est pour cela que Saint Pierre-Julien Aymard nous dit : « il faut croire même contre le témoignage des sens, contre les lois ordinaires des êtres, contre sa propre expérience ». Robert Spaemann, un laïc allemand (Athéisme et foi – XXIV-1 – 1991) nous dit avec juste raison : « Croire signifie : laisser tomber toutes les conditions… La foi est un acte raisonnable dont chacun est responsable. Cela signifie que la foi est un acte raisonnable d’obéissance (à la Parole de Dieu), une capitulation inconditionnelle des opi­nions propres et des désirs propres devant Dieu qui se manifeste, une capitula­tion dont chacun porte la responsabilité. Un croyant qui pose des conditions pour croire ne mérite pas ce nom. […]». Il s’agit de croire que nos prières comptent énormément pour Dieu qui n’arrête pas de nous dire qu’il faut « prier sans cesse sans se décourager » (Lc 18,1) , et que la messe est la plus grande et la plus importante prière adressée à Dieu, c’est pour cela que le Christ nous a dit : « faites ceci en mémoire de moi » ( 1Co 11,24 ; Lc 22,19). De même, il faut croire que l’amour, le pardon, l’humilité etc…tout ce que le Christ nous a enseigné, tout cela aussi a son importance pour que nous les mettions en pratique et cela sans se poser de questions. La foi est obéissance à la parole de Dieu. – On finit par trouver un enfant qui a cinq pains et deux poissons. Pas besoin de faire des études pour comprendre ce n’est pas grand-chose par rapport à la foule immense qui a faim. A ce moment-là, c’est la foi en Jésus-Christ qui est mise à l’épreuve. Notre raison nous dit qu’il est difficile de croire qu’on pourra nourrir plus de cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons. Mais notre foi nous dit aussi qu’en toutes circonstances, nous devons garder fermement notre confiance en Dieu. Jésus trouvera forcément une solution à nos problèmes. Avec la foi, les problèmes vont s’estomper petit à petit, sans bruit, comme on dit en créole, « en douce et sans secousse ». Dieu nous donnera suffisamment de patience pour que les choses s’arrangent au fur et à mesure, mais gardons notre confiance en Dieu. Pour nos prières de demande, on s’apercevra à un moment donné, que ce que nous avons demandé à Dieu, il y a un an ou deux ou même plus, a déjà été exaucé depuis plusieurs mois déjà, sans que nous en ayons pris conscience et on commencera alors à croire en la puissance de la prière. Celui qui priait à peine, à force de demander à Dieu la grâce et l’amour de la prière, voit petit à petit qu’il s’est mis à prier sans peine tous les jours et durant toute la journée, bien longtemps après que Dieu l’ait exaucé. Nous sommes parfois stupéfaits de ce que la foi peut faire. – « Jésus prit les pains et, ayant rendu grâces, il les distribua aux convives, de même aussi pour les poissons, autant qu’ils en voulaient ». Les moyens humains sont souvent faibles, et il nous est impossible de partager cinq pains et deux poissons entre cinq mille personnes, mais le Christ lui-même nous affirme en Mt 19,26 : « Pour les hommes c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible » et en Mc 9,23 : « tout est possible à celui qui croit ». Si Jésus le dit, il n’y a aucune raison de ne pas le croire sur parole. Et voilà que les gens pouvaient manger « autant qu’ils en voulaient ». Dieu ne peut pas voir son peuple mourir de faim, Il a pitié de nous et veille sur nous en permanence. Mais la nourriture du Seigneur n’est pas seulement constituée de pain et de poissons, Il nous offre aussi sa Parole en nourriture. Mt 4,4 : « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » et la Parole est Dieu ( Jn 1,1). « La Parole est devenu un homme » (Jn 1,14 – bible en français courant), et cet homme, le même à la Cène comme à l’Eucharistie, qui est à la fois prêtre et victime, nous dit du pain appelé encore « hostie » : « Ceci est mon Corps ». Notre nourriture, c’est à la fois la Parole et le Pain vivant que nous retrouvons à la messe, et ces deux mots désignent le Christ. La multiplication du pain nous mène à l’Eucharistie. A la messe, Jésus-Christ multiplie son Corps en quantité suffisante pour que chacun puisse recevoir Dieu. Et nous pouvons en recevoir autant que nous voulons, c’est-à-dire tous les jours de la vie si nécessaire, jusqu’au moment où nous irons le rejoindre dans son Royaume. Ce Pain nous est nécessaire, et le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous dit (CEC 1416) : « La sainte Communion au Corps et au Sang du Christ accroît l’union du communiant avec le Seigneur, lui remet les péchés véniels et le préserve des péchés graves ». Le Cardinal Walter Kasper ( « La Miséricorde » – P.161), Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, affirme également ceci: « A chaque Eucharistie, la puissance de la Miséricorde divine – venant du sang du Seigneur, versé sur la Croix (Mt 26,23) – est agissante et pardonne les péchés. Ainsi la participation à l’Eucharistie nous obtient le pardon des fautes quotidiennes ». CEC 1393 : « l’Eucharistie ne peut pas nous unir au Christ sans nous purifier en même temps des péchés commis et nous préserver des péchés futurs ».  Faisons tout notre possible pour communier au Corps du Christ après avoir réuni toutes les conditions demandées par l’Eglise : se convertir, aller se confesser, et recevoir le Christ le plus souvent possible. – Et rappelons-nous que les personnes qui ont été en totale communion avec le Christ sont les Saints. Il nous faut lire la Vie des saints. [Inspiré de l’introduction à Saint Jean de la Croix (Tome I – P.7 et 8)]: « Beaucoup d’âmes sont si faibles qu’il est impossible de leur parler de perfection de l’amour, parce qu’ils sont incapables de sortir d’une vie de péché ou d’accepter la moindre souffrance, si minime soit-elle. Pour sauver ces âmes, il n’y a que l’amour, et cet Amour a pour nom « Jésus Christ » qui a fait sa demeure chez tous les saints. Des âmes enfoncées dans des habitudes de péché ne pourront se relever périodiquement et reprendre la lutte que lorsqu’elles sont stimulées par l’air vif des cimes que le saint découvre à notre regard. Pour certains êtres humains tombés très bas, seules les splendeurs de l’intimité divine que l’on retrouve chez les saints pourront efficacement faire contrepoids aux attraits violents de l’abîme d’en bas ». Il nous faut plonger dans la vie des saints, témoins de l’union intime de l’être humain avec Dieu, qui, tous, nous parlent du Christ ou de Marie de la manière la plus belle qui soit pour être capable d’élever notre âme vers Dieu et nous donner cette envie, si nécessaire, de mieux le connaitre.  Que Marie nous aide à avoir une plus grande foi, et un plus grand amour envers Dieu et les êtres humains.

                                                                                                  Claude Won Fah Hin




16ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 30-34) – Francis Cousin

« On n’avait même pas le temps de manger. »

 

L’évangile de ce jour nous parle du retour auprès de Jésus des douze apôtres que celui-ci avait envoyé en mission dimanche dernier.

Il y avait déjà du monde près de Jésus, et les gens allaient et venaient, interrogeaient Jésus … tellement de monde qu’il était impossible aux apôtres de dire ce qu’ils avaient fait et de donner leurs impressions …

Tellement de monde qu’on « n’avait même pas le temps de manger. »

On peut en tirer deux remarques :

La première est l’attention que Jésus a pour ses apôtres : il prend soin d’eux et est bienveillant pour eux … comme il l’est aussi envers nous !

Le problème est que bien souvent nous ne nous en rendons pas compte … nous voyons Dieu trop loin de nous, trop distant … alors que c’est le contraire : il est tout proche de nous … et nous l’appelons comme s’il était loin : « Moi, dit le Seigneur, je ne t’oublierai pas. Car je t’ai gravée sur les paumes de mes mains. » (Is 49,16).

La seconde est cette assertion sur « le temps de manger ».

Jésus aurait pu dire : « Il y a trop de bruit ici … on ne peut pas s’entendre … ce que vous avez à dire ne les concerne pas … ».

Mais non, Jésus parle du temps de manger … comme si c’était sa préoccupation principale. Alors que ce n’était certainement pas le cas … même si dans les évangiles on parle souvent de manger, de repas … ce qui donne pour Jésus l’occasion d’enseignements sur le pur et l’impur (Lc 16,39sv), sur l’attention aux autres (Lc 16,19sv), sur le rôle du sabbat (Mc 2,23sv), ou sur l’accueil des pécheurs (Mc 2,13sv ; Lc 7,36sv) …

Il est vrai que le repas est souvent un moment de convivialité, en communion entre les personnes, comme par exemple le repas offert par Abraham aux trois messagers du chêne de Mambré ; ou le repas de Pâque : « Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. » (Ex 12,4). Ce qui va dans le sens de la première remarque, étendue à l’ensemble des participants réunis autour de Jésus.

Si l’évangéliste nous parle à ce moment de manger, c’est sans doute pour annoncer ce qui va passer après : la multiplication des pains … et ensuite la cène où Jésus partagera le pain et la coupe de vin en leur disant : « Ceci est mon corps, … ceci est mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle ».

Cette compassion de Jésus est clairement dite à la fin du récit : « Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. »

Et Jésus, Fils de Dieu, lui qui a dit : « Je suis le bon pasteur, le vrai berger » (Jn 10,11), réalise la parole du Seigneur rapportée par Jérémie dans la première lecture : « Je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis … Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront. … Voici venir des jours – oracle du Seigneur–, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. ».

Seigneur Jésus,

on oublie trop souvent

que tu es toujours proche de nous,

que tu penses à nous

plus souvent que nous ne pensons à toi.

N’oublions pas :

« qui mange ma chair et boit mon sang

a la vie éternelle ».

 

                                     Francis Cousin

 

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Prière dim 16° TOB




15ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 7-13) – Francis Cousin

« L’envoi en mission. »

 La semaine dernière, l’évangile se terminait par la phrase suivante : « Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant. ». Jésus enseigne et guérit.

La suite de cet évangile est celui de ce jour, où Jésus envoie les apôtres deux par deux pour la mission : celle de continuer ce que Jésus avait commencé dans les villages à l’entour de Nazareth.

Il leur avait montré comment faire, mais il commence par leur donner quelques consignes pour qu’ils puissent réussir leur mission.

La première chose qu’il leur donne, c’est d’avoir autorité sur les esprits impurs. Ces esprits qui n’ont de cesse de forcer ceux qui sont sous leur coupe à faire le mal, d’inviter au mal … et qui sont souvent des fardeaux pour ceux qui les subissent.

Et avoir autorité sur eux, c’est donner aux apôtres la possibilité de les anéantir, de leur enlever leurs pouvoirs pour que le bien et le beau prennent le dessus.

Cela fait partie de la mission … et donc aussi de la nôtre comme baptisés …

Mais bien souvent, on pense que cela ne nous concerne pas. Bien sûr, n’importe quel baptisé n’a pas la possibilité de lutter contre le démon … il faut réserver cela aux exorcistes … c’est préférable … Mais il y a tout un tas de choses pour lesquelles n’importe qui peut dire : « Ne fais pas cela, ce n’est pas bien. » … et on ne le fait pas toujours … par peur de passer pour un ’’réactionnaire’’, pour un ’’vieux jeu’’, … et on laisse s’installer le mal autour de nous !

La première chose que Jésus donne à ses apôtres après sa résurrection et le don de l’Esprit, c’est : « À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn 20,23) : Le pardon ! Demander à l’autre de ne pas faire le mal, c’est une manière de proposer le pardon …

La deuxième chose qu’il leur donne, c’est un ensemble de conseils qu’on pourrait traduire par : « Dépouillez-vous de tout ce qui est matériel, faites-vous pauvres, sans rien qui puisse vous donner de l’assurance, pour ne conserver qu’une chose : les Paroles que je vous ai dites, et le fait que je suis toujours avec vous. ». En fait, c’est ce que disait saint Paul la semaine dernière : « Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, [Jésus] qui est mort et ressuscité pour eux. » (2Co 5,15).

Avoir sa vie centrée sur Jésus !

C’est une autre manière de dire ce que Jésus demande à tous eux qui veulent le suivre : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mc 8,34) …

Il leur autorise quand même deux choses : un bâton, pour aider à marcher, et une paire de sandales, pour pouvoir marcher loin…

C’est ce que conseillait le pape François aux jeunes des JMJ de Cracovie, de manière plus actuelle, et avec les mots de maintenant : « Chers amis, Jésus est le Seigneur du risque, il est le Seigneur du toujours ‘‘plus loin’’. Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à changer le canapé contre une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans ton cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde. Aller par les routes en suivant la ‘‘folie’’ de notre Dieu qui nous enseigne à le rencontrer en celui qui a faim, en celui qui a soif, en celui qui est nu, dans le malade, dans l’ami qui a mal tourné, dans le détenu, dans le réfugié et dans le migrant, dans le voisin qui est seul. Aller par les routes de notre Dieu qui nous invite à être des acteurs politiques, des personnes qui pensent, des animateurs sociaux. Il nous incite à penser à une économie plus solidaire que celle-ci. Dans les milieux où vous vous trouvez, l’amour de Dieu nous invite à porter la Bonne Nouvelle, en faisant de notre propre vie un don fait à lui et aux autres. Et cela signifie être courageux, cela signifie être libre. »

Cette manière de faire est aussi celle qui a été présentée à ses frères par saint François d’Assise, se faire pauvre pour annoncer l’évangile, et qui continue à l’être à l’heure actuelle. On peut en trouver l’expérience dans le livre « Marcher vers l’inconnu » du frère Jack Mardesic, franciscain, qui vient de sortir et qui sera bientôt en vente à l’AROD.

On aurait tort de penser que ce passage de l’évangile ne concerne que les douze apôtres. Il nous concerne tous.

Car il est de notre mission de baptisés d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus à tous ceux que nous rencontrons.

Ce n’est pas facile … et on l’oublie souvent … Mais … c’est notre mission !

Seigneur Jésus,

les conseils que tu donnes aux douze apôtres

sont toujours valables pour nous.

Mais la société de consommation

dans laquelle nous vivons

nous invite plus à nous prélasser dans le canapé

qu’à chausser nos chaussures de marche

pour aller sur les routes

où le vent de l’Esprit nous portera.

Mais la joie de la rencontre avec les autres

ne viendra jamais du canapé.

                                     Francis Cousin

 

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Prière dim 15° TOB




14ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

LECTURES : Ez 2, 2-5 ; 2 Co 12, 7-10 ; Mc 6, 1-6

Frères et sœurs, les lectures de ce 14ème dimanche nous donnent clairement de méditer sur la vocation spécifique et difficile du prophète.

Trois figures bibliques

Dans la Bible, le prophète est choisi par Dieu, il est le porte-parole de Dieu. Cependant, les prophètes sont souvent méprisés, mal accueillis et non-écoutés. Les trois lectures présentent trois grands prophètes qui l’illustrent bien. Les trois vont se butter à l’endurcissement des cœurs…

  • Ézéchiel : Dieu lui annonce d’emblée la difficile mission qui lui est confiée : « Je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi. »

  • Paul fait écho aux multiples difficultés rencontrées dans son ministère d’apôtre : « les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. »

Paul admettra aussi ses faiblesses, cette « écharde » dans sa « chair » contre laquelle il doit lutter. Nous ignorons quelle est la véritable nature de cette écharde, Paul évoque « un envoyé de Satan » ; entendons par-là un combat à mener.

  • Jésus, à Nazareth, ne peut opérer aucun miracle. Nazareth étant « son lieu d’origine », il y aurait dû avoir un succès mais en vain. Jésus s’étonne de ce manque de foi : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »

Face à ce constat, on pourrait se demander comment ont pu tenir ces prophètes ? Les lectures nous donnent des précisions :

  • Ézéchiel est porté par la force de Dieu. Il annoncera la Parole de Dieu envers et contre tous : « ‘Ainsi parle le Seigneur Dieu…’ Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas – c’est une engeance de rebelles ! – ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. »

Ézéchiel nous apprend une chose : peu importe le résultat, que la Parole de Dieu soit accueillie ou non, ce qui compte c’est qu’elle soit annoncée !

 

  • Paul est l’exemple concret de celui, qui au cœur de sa faiblesse, a su se remettre complètement à Dieu. Il reconnaît humblement sa faiblesse et va s’ouvrir à la grâce de Dieu, selon sa Parole : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Paul met totalement sa confiance en Dieu !

Au cœur de sa faiblesse, la force de Dieu va prendre le relais et lui permettre de tenir debout pour annoncer l’Évangile du Christ : « Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

  • Jésus est porté par le feu de la Bonne-Nouvelle du Royaume de Dieu. Il ne va pas se décourager. Puisqu’à Nazareth la foi n’est pas au rendez-vous, il va aller aux villages d’alentours qui seront plus réceptifs à son enseignement.

Rien n’empêchera la Parole de Dieu de se répandre !

 Que retenir pour nous aujourd’hui ?

Le Baptême fait de nous un peuple de prophètes. La Confirmation fait de nous des témoins du Christ, en paroles et en actes… Certes, il est difficile en 2021 d’être prophète ! Le contexte socio-culturel est marqué par une baisse de la pratique religieuse. Certaines personnes qui se disent même sans croyance…

Le contexte sanitaire encore tendu ne nous porte pas toujours. Il y a aussi la reconnaissance de nos propres faiblesses qui sert souvent d’échappatoire pour ne pas s’engager au service de la communauté : « Mi gain pas faire ça moin ! » Le découragement pourrait nous guetter…

Les prophètes nous invitent à adopter des attitudes :

  • Miser une plus grande confiance en Dieu. Il a promis sa présence et son assistance. Osons plus de foi en sa parole : « Ma grâce te suffit ! »

  • Comme Paul, reconnaître humblement nos faiblesses pour mieux nous ouvrir à la grâce de Dieu. Si cela a fonctionné pour Paul, pourquoi pas pour nous ? Mais à condition d’être patient et de renoncer à ce « Tout, tout de suite ! » Au cœur de nos faiblesses, Dieu peut nous apporter sa force pour rebondir, à condition encore de l’invoquer avec confiance.

  • Consentir que notre mission ne consiste pas à faire croire mais à annoncer le Christ sauveur. Ne cherchons pas de résultats, cela ne nous appartient pas.

  • Être enfin des passionnés de la Parole de Dieu qui doit être annoncée malgré les rejets que nous pouvons subir !

Que le Seigneur nous donne de mieux méditer sur ces attitudes. C’est ce que nous demandons au cours de cette Eucharistie.

Osons mieux vivre durant ces vacances notre vocation de prophète, de disciple-missionnaire à l’appel du pape François. Confions au Seigneur nos faiblesses, que sa grâce nous soutienne et nous relève : « Ma grâce te suffit ! » Amen.




Dimanche 27 juin – Jubilé de la Paroisse de St André (D. J. Fournier)

Il est beaucoup question dans les lectures de ce jour de mort et de vie… Et le Livre de la Sagesse déclare sans ambiguïté dans la première lecture : « C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sg 2,24). Un siècle plus tard, St Paul écrira dans la Lettre aux Romains, en faisant allusion à la désobéissance d’Adam et Eve dans le jardin d’Eden : « Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé en tous les hommes car tous ont péché » (Rm 5,12). En effet, avait-il écrit peu avant, « tous sont soumis au péché, comme il est écrit : « Il n’est pas de juste, pas un seul, il n’en est pas de sensé, pas un qui recherche Dieu. Tous, ils sont dévoyés, ensemble pervertis ; il n’en est pas qui fasse le bien, non, pas un seul » (Rm 3,9-12). Et les conséquences sont claires : « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6,23). « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9).

Si l’auteur du Livre de la Sagesse présente ainsi la mort comme la conséquence du péché, il place par contre résolument Dieu du côté de la vie : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants  (Sg 1,13). Le prophète Ezéchiel avait déjà déclaré : « Par ma vie, oracle du Seigneur Dieu, je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais à la conversion du méchant qui change de conduite pour avoir la vie. Convertissez-vous, revenez de votre voie mauvaise. Pourquoi mourir, maison d’Israël ? » (Ez 33,11).

Dieu, en effet, n’a pas créé l’homme, il ne l’a pas lancé dans l’aventure de la vie pour qu’il meure, mais bien pour qu’il vive ! Voilà ce qu’il veut ! Voilà ce à quoi il prend plaisir ! Que nous vivions, et cela le plus possible ! La perspective évoquée par le Livre de la Sagesse vis-à-vis de notre vocation à tous est d’ailleurs folle : « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité » (Sg 2,23). Or quelle est « l’identité » de Dieu ? Lorsque Moïse lui demande son Nom lors de l’épisode du buisson ardent, il répond : « Je Suis celui qui Est », « Je Suis » (Ex 3,14). Il est ainsi « l’Unique » (Dt 6,4), le seul vrai Dieu, le seul Eternel, le seul Incorruptible… Or, affirmer que « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité », revient à dire que Dieu l’a créé pour qu’il partage son Être et sa vie éternelle… C’est d’ailleurs le sens du mot « image » que l’auteur du Livre de la Sagesse reprend en faisant allusion au premier récit de la création que nous offre le Livre de la Genèse : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance… Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa » (Gn 1,26-28)… Or, le Père Ceslas Spicq écrit : « Etre l’image, c’est participer l’Être et la vie du Dieu vivant »… Et c’est ce que déclare aussi le Livre de la Sagesse : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés », littéralement, « pour qu’ils soient » ! « Pour qu’ils soient » eux aussi, ce que Dieu Est, selon leur condition de créatures, bien sûr !

Voilà toute l’aventure de notre vie… Voilà ce que Dieu veut voir se réaliser pleinement pour chacun d’entre nous… Or, nous sommes tous des pécheurs, des êtres blessés, spirituellement malades, nous engageant trop souvent sur des chemins de mort… Ce n’est pas ce que Dieu veut pour nous… Or, « tout ce que Dieu veut, il le fait », nous dit le Psalmiste (Ps 135(134),6). Il agit donc pour que sa volonté s’accomplisse, c’est du concret… Voilà pourquoi le Père a envoyé son Fils dans le monde : « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, la volonté de celui qui m’a envoyé est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné » (Jn 6,38-39). Et le Père a donné au Fils le monde entier à sauver : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger, condamner, le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,16-17). Jésus est ainsi « le Sauveur du monde » (Jn 4,42), le Sauveur de tout le monde… C’est pourquoi il promet : « Et moi, une fois élevé de terre », sur la Croix, puis par sa Résurrection et son Ascension, « j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32), tous, sans aucune exception… En effet, « voilà ce qui est bon et qui plait à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6), sans aucune exception…

Alors, pour tout homme pécheur, pour tout homme perdu sur un chemin de mort, Jésus apparaît comme le Sauveur qui « cherche sa brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve… Et quand il l’a retrouvée, il la met, tout joyeux, sur ses épaules » et la ramène à la maison (Lc 15,4‑7), dans cette Plénitude d’Être et de vie qu’il veut pour nous tous… Notre péché, si nous le lui offrons, si nous acceptons de le laisser faire, il le vaincra par son Amour (1Jn 4,8.16 ; Ap 12,10), par sa « Miséricorde » infinie, « Toute Puissante » (Lc 1,49-50) et surabondante, car « là où le péché a abondé, la grâce » du pardon « a surabondé » (Rm 5,20).

Telle est l’expérience qu’ont vécue les Apôtres, St André, le premier à avoir été appelé par le Seigneur, St Pierre, son frère, et tous les autres… On se souvient, lors de l’épisode de la pêche miraculeuse où Jésus, en St Luc, les appela, que Pierre, à la vue de ce signe, « se jeta aux genoux de Jésus en disant : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». Mais Jésus lui dit : « Sois sans crainte ; désormais, ce sont des hommes que tu prendras. » Et ramenant les barques à terre, laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5,1-11)… Plus tard, ils seront en effet les heureux témoins de cette Miséricorde de Dieu dont ils furent les premiers bénéficiaires. C’est ce qu’écrit St Paul dans la première Lettre à Timothée (1Tm 1,12-17) :

 

(A) « Je rends grâce à celui qui m’a donné la force, le Christ Jésus, notre Seigneur,

               qui m’a jugé assez fidèle pour m’appeler à son service,

(13)                   moi, naguère un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur.

 

           (B) Mais il m’a été fait miséricorde parce que j’agissais par ignorance, étranger à la foi ;

(14)                et la grâce de notre Seigneur a surabondé

                             avec la foi et la charité qui est dans le Christ Jésus.

 

(15)             (C) Elle est sûre cette parole et digne d’une entière confiance :

                              le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs,

                                     dont je suis, moi, le premier.

 

(16)   (B’) Et s’il m’a été fait miséricorde, c’est pour qu’en moi, le premier,

                        Jésus Christ manifestât toute sa patience faisant de moi un exemple

                                pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle.

(17)

(A’) Au Roi des siècles, Dieu incorruptible, invisible, unique,

               honneur et gloire dans les siècles des siècles ! Amen.

 

Ainsi, tout disciple de Jésus est invité à être l’heureux témoin de cet Amour imperturbablement fidèle de Dieu à son égard, un Amour qui, face à notre misère, ne cesse de prendre le visage d’une Miséricorde inépuisable : « Quand nous sommes infidèles, Dieu, Lui, reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 2,13). Il ne peut cesser d’être ce qu’il Est, et il est Amour… Cette continuelle Bienveillance de Dieu à son égard sera ainsi très concrètement, jour après jour, un inlassable appel au repentir, de tout cœur, repentir qui lui permettra de recevoir le pardon de toutes ses fautes, et avec lui, la possibilité d’une vie nouvelle dans la Lumière et dans la Paix…

Le Christ ressuscité dit ainsi à ses disciples à la fin de l’Evangile de Luc : «  Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et qu’en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. De cela vous êtes témoins. »

Et pour les aider, les soutenir dans ce témoignage qu’ils rendront à la Miséricorde de Dieu, il leur promet aussitôt la force de l’Esprit Saint : « Et voici que moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en‑haut » (Lc 24,46-49).

Toute l’œuvre de l’Eglise consiste ainsi à aller vers le plus grand nombre pour témoigner, après l’avoir elle-même vécu, qu’un « repentir » sincère ne peut qu’accueillir « la rémission des péchés » et, avec elle, une Plénitude insoupçonnée d’Être et de Vie synonyme de « création nouvelle » : « Si quelqu’un est dans le Christ », écrit St Paul, « c’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5,17-21)…

Il s’agit donc de mettre en relation avec le Christ, pour que cette œuvre de Dieu, synonyme en chacun de nous de vraie Vie, de vraie Paix, de vraie Joie, de vrai Bonheur, puisse vraiment s’accomplir. Tel fut le service par excellence que St André accomplit dans les Evangiles… En effet, c’est lui qui, en St Jean, conduit son frère, Simon-Pierre, à Jésus : « André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean » Baptiste rendant témoignage à Jésus, « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29), « et ils s’étaient mis à la suite de Jésus. Il trouve d’abord son propre frère, Simon, et lui dit : Nous l’avons trouvé, le Messie – ce qui veut dire Christ. Il l’amena à Jésus. Jésus le regarda et dit : Tu es Simon, le fils de Jean; tu t’appelleras Céphas – ce qui veut dire Pierre » (Jn 1,40-44) car, « sur cette pierre », lui dit-il en St Matthieu, « je bâtirai mon Eglise » (Mt 16,13-20)…

Et c’est encore St André qui avait mis en relation avec Jésus cet enfant qui avait cinq pains et deux poissons, que Jésus multiplia pour nourrir une foule d’environ cinq mille hommes : « Levant alors les yeux et voyant qu’une grande foule venait à lui, Jésus dit à Philippe : D’où nous procurerons-nous des pains pour que mangent ces gens ? Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car lui-même savait ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pain ne suffisent pas pour que chacun en reçoive un petit morceau. Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : Il y a ici un enfant, qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » Jésus leur dit : « Faites s’étendre les gens » » (Jn 6,1-10)…

Alors, que souhaiter pour toute la Paroisse de Saint André sinon de travailler, le plus possible, à mettre en relation le plus grand nombre avec Jésus pour que toutes et tous puissent trouver avec Lui la vraie Vie (Jn 10,10), la vraie Paix (Jn 14,27), la vraie Joie (Jn 15,11), le vrai Bonheur (Jn 20,29)… En agissant ainsi, elle contribuera, pour sa part, à ce que beaucoup puissent entendre, eux aussi : « Ma fille, mon fils, ta foi t’a sauvé. Va en paix et sois guéri de ton mal »… « Je te le dis, Talitha koum, lève-toi » et marche, heureux, dans une vie nouvelle (Mc 5,21-43)… Car telle est « la volonté de Dieu » à notre égard, « lui qui veut que tous les hommes soient sauvés », tous, sans aucune exception…

 

                                                                                              D. Jacques Fournier




13ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 26 Juin et Dimanche 28 Juin 2021

Sagesse 1.13–15 ;2,23-24 ; 2·Corinthiens 8.7–9, 13–15 ; Marc 5,21–43

Deux chapitres avant le texte d’aujourd’hui, Marc nous dit en 3,10 à propos des malades: « [Jésus] en guérit beaucoup, si bien que tous ceux qui avaient des infirmités se jetaient sur lui pour le toucher ». Jésus a été guérisseur parmi d’autres à son époque et il devait certainement avoir une meilleure réputation que les autres. Les gens pensaient qu’il suffisait de toucher le Christ ou tout simplement ses vêtements pour être guéri. Ainsi, le chef de la synagogue, Jaïre, prie Jésus de venir imposer les mains sur sa fille malade pour qu’elle soit sauvée, et la femme au milieu de la foule dit « si je touche au moins ses vêtements, je serai sauvée. Mais le fait de toucher le Christ, en réalité, ne guérit personne. C’est la foi en Jésus-Christ qui permet de les guérir. Et la foi de Jaïre comme celle de la femme n’est qu’une foi basique, primaire, qui demande à être éclairée et reconstruite. Tous les deux ne cherchent que la guérison, l’un celle de sa fille et l’autre pour elle-même. Le mot « sauver » n’a pas le même sens pour tout le monde. Pour Jaïre comme pour la femme, « sauver » signifie « être guéri » de la maladie ou de son infirmité. Et cela ne va pas plus loin. Les deux personnages reflètent aussi la mentalité de bon nombre de chrétiens : on ne vient à Jésus que pour avoir des biens terrestres tels que « santé, bonheur, richesse » pour ne résumer que les souhaits qu’on fait au jour de l’an.  Mais pour Jésus, « sauver » va bien plus loin que cela.

La femme hémorroïsse, qui perd son sang depuis plus de douze ans et que de nombreux médecins n’arrivent pas à guérir, pense donc à toucher les vêtements de Jésus pour être sauvée. Au beau milieu de cette foule, elle arrive, venant par derrière, à toucher le manteau de Jésus. « …Aussitôt la source d’où elle perdait le sang fut tarie, et elle sentit dans son corps qu’elle était guérie de son infirmité. Jésus eut conscience de la force qui était sortie de lui, et s’étant retourné dans la foule, il disait :  « Qui a touché mes vêtements ? Et il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela. 33 Alors la femme, craintive et tremblante, sachant bien ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. » La femme attendait à ce que Jésus lui fasse des remontrances, d’où cette attitude « craintive et tremblante ». Et on peut se poser la question : peut-on être craintif et tremblant devant Jésus ? Les êtres humains se trompent souvent sur les intentions de Dieu ou de Jésus. Jésus n’est pas là pour condamner les gens mais pour les sauver. Il est Amour, tout comme son Père. Et s’il est Amour, de lui ne sort que l’amour et rien d’autre. Personne ne devrait avoir peur de Jésus même s’il peut toujours nous réprimander mais il nous sauvera toujours par sa justice et sa miséricorde. Il est là pour nous justifier, c’est-à-dire pour accorder, harmoniser, réunir, ajuster notre cœur à celui de Dieu, notre volonté à celle de Dieu, etc.. La femme hémorroïsse, en agissant comme elle l’a fait, c’est-à-dire en voulant toucher secrètement le manteau de Jésus, dans son dos, elle a en quelque sorte voulu « voler sa guérison », essayant d’être guérie à l’insu de Jésus et peut-être même contre sa volonté. Et après que la femme lui ait dit la vérité, Jésus lui dit (v.34) : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton infirmité. ». Cette fois-ci, inutile de toucher Jésus pour la guérison, la foi seule suffit, une foi régénérée, plénière, totale qui dépasse largement la foi primaire. Mais pourquoi Jésus lui dit sois guérie de ton infirmité » alors qu’elle est déjà guérie ? Parce que, nous dit Jean Delorme, « une guérison volée n’est pas dans un esprit évangélique. Il va falloir que sa guérison lui soit redonnée, au terme d’une démarche de foi ». Et quand Jésus lui dit « ma fille, ta foi t’a sauvée, va en paix », cela a un sens : il ne s’agit plus de croire que Jésus est un simple guérisseur, mais de recevoir cette foi divine qui est force de Dieu pour lutter contre le péché, le mal et avoir le salut éternel. Car le Christ Jésus vient d’abord lui redonner non seulement la guérison selon la foi, mais aussi sa réintégration dans la société, car en perdant son sang, la femme était considérée comme impure et donc mise au ban de la société, ne devant toucher personne, et cette guérison et cette paix offertes par Jésus lui donnent la possibilité de pratiquer sa foi en Jésus, non plus d’une foi primaire, mais une foi plénière pour le salut de son âme. Cette foi nous sauve parce qu’elle nous met en relation avec Jésus-Christ, le Dieu venu sur terre pour nous donner le salut éternel.

De son côté, Jaïre ayant demandé à Jésus de venir imposer les mains sur sa fille malade, des gens viennent lui donner une mauvaise nouvelle : « ta fille est morte ». Inutile donc de déranger le Maître. « La foi de Jaïre est alors mise à l’épreuve par l’incrédulité de ceux qui lui annoncent la mauvaise nouvelle » (Jean Delorme – Lecture de l’Evangile selon Saint Marc – P.49). Mais pour Jésus, la mort n’est pas un obstacle. Réaction immédiate de Jésus à Jaïre : « sois sans crainte, aie seulement la foi ». Jésus invite Jaïre à continuer à croire en Lui et de ne pas se fier aux apparences, comme si avec la mort, tout était perdu d’avance. Cela nous arrive aussi de croire par exemple que nos prières ne servent à rien alors que Jésus nous dit en Lc18,1 qu’« il faut prier sans cesse et ne pas se décourager ». Remarquons au passage que la foi est demandée à Jaïre et non pas à la fillette malade. La foi de ceux et celles qui prient pour les autres a donc une grande importance. Arrivés à la maison de Jaïre, Jésus et ses trois compagnons voient les gens en train de pleurer. Jésus s’en étonne et affirme que l’enfant n’est pas morte, mais qu’elle dort. Ceux qui n’ont pas la foi se moquent de Jésus qui les met dehors. Dans un entretien accordé à Sœur Emmanuel Maillard, Maria Simma dit ceci ( L’étonnant secret des âmes du Purgatoire” – P.27) : « Les âmes du Purgatoire voient très bien, le jour même de leurs funérailles, si l’on prie vraiment pour elles ou si l’on fait simplement acte de présence. Elles disent que les larmes ne servent à rien, seule la prière peut les aider. Elles se plaignent de ce que les gens vont à leur enterrement sans dire une seule prière pour elles ». Dans la chambre mortuaire, avec Jésus, se trouvent ceux qui ont la foi : ses trois compagnons, Pierre, Jacques et Jean, et les parents de la fillette. Pour un rite sacré, on a besoin de gens qui ont la foi. Jésus prend la main de l’enfant et au geste de la main, Jésus ajoute une parole et dit : « Fillette, je te le dis, lève-toi ! Aussitôt la fillette se leva et elle marchait… ».

Derrière le geste visible de la main, la puissance de la Parole agit avec la grâce sanctifiante de l’Esprit de Dieu, c’est ainsi qu’agissent les sacrements. Rappelons simplement que le vrai baptême de Jésus est son sacrifice pour notre salut, sa mort et résurrection. Baptême, mort et résurrection, et sacrement de l’Eucharistie sont intimement liés. La foi en Jésus-Christ, non seulement elle guérit les malades, mais permet aussi d’être victorieux de la mort et du péché qui mène à la mort. L’évangile d’aujourd’hui est un enseignement sur la foi (Jean Delorme – Cahiers Evangile – 1/2 – « Lecture de l’Evangile selon Saint Marc » – P. 50) : « on passe de la foi originelle de Jaïre, qui a renoncé à tout espoir humain (de voir guérir sa fille), pour se confier en Jésus, puis de la foi primitive de la femme hémorroïsse, encore guidée par un calcul intéressé, à la foi renouvelée de cette femme, toute marquée par sa relation personnelle à Jésus, et enfin à la foi plénière de Jaïre, foi en celui qui ressuscite les morts ». Ce texte évangélique nous invite donc à régénérer notre foi qui, pour bon nombre d’entre nous, semble endormie. Nicolas Buttet ( L’Eucharistie à l’école des saints – P.25) nous dit  : « le mystère (divin) doit nous étonner. Si nous ne nous étonnons plus, c’est l’indifférence qui prendra la place de l’étonnement. Et l’indifférence conduit à la tiédeur. La fréquentation répétée des mystères et notamment de l’Eucharistie, peut conduire à un émerveillement croissant ou à une habitude mortelle. Il nous faut sans cesse nous ressaisir, nous laisser toucher par l’inaccessible afin de ne pas s’habituer ».

Le Pape François nous met en garde contre ce type d’endormissement de la foi (Gaudete et Exultate » – §164) : « Le chemin de la sainteté est une source de paix et de joie que nous offre l’Esprit, mais en même temps il demande que nous soyons avec « les lampes allumées » (Lc 12, 35) et que nous restions attentifs : « Gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5, 22). « Veillez donc » (Mt 24, 42; Mc 13, 35). « Ne nous endormons pas» (1 Th 5, 6). Car ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur. Comme ils ne trouvent rien de grave à se reprocher, ils ne perçoivent pas cette tiédeur qui peu à peu s’empare de leur vie spirituelle et ils finissent par se débiliter (donc de s’affaiblir) et se corrompre ». Pour le Père André Nottebaert, professeur de Théologie à Rome, la régénération de la foi passe par trois étapes (Préface du livre « L’Eucharistie à l’école des saints ») : 1 – par l’inspiration de la foi vivifiée par les dons du Saint-Esprit : dons d’intelligence, de science, de sagesse etc…Il faudra donc prier pour que l’Esprit de Dieu nous vienne en aide pour que nous puissions réfléchir sur notre propre spiritualité, faire la prière du cœur à cœur à Jésus et le contempler dans sa gloire; 2 – S’inspirer de la foi vécue et transmise en Eglise par et dans l’Esprit, c’est-à-dire de la foi vécue par les saints reconnus par l’Eglise. Il faut donc connaître la vie des saints, vie qui peut nous aider à approfondir notre foi, à combattre sans cesse contre les tentations, à aimer ceux qui nous entourent… et 3 – l’étape de la réflexion théologique, étape qui ne peut s’accomplir avec bonheur qu’à la lumière de la foi ainsi transmise et nourrie. Il faut donc se former théologiquement. On n’insistera jamais assez sur la formation biblique et théologique. A chacun de voir où il en est dans sa vie spirituelle, et de demander à notre sainte Mère de nous accompagner dans notre cheminement afin que nous soyons bien uni au Christ.




12ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 4, 35-41) – Francis Cousin

« La tempête apaisée. »

Tout le monde connaît bien l’épisode de la tempête apaisée, et souvent, on se souvient de la fin, quand Jésus s’écrit : « Silence, tais-toi ! », et que « Le vent tomba, et il se fit un grand calme. », et la question des apôtres : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »

Mais il y a au début de ce passage un bout de phrase qui m’a interrogé : « Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque ».

Pourquoi saint Marc donne-t-il cette précision ? Quel sens peut-elle avoir pour nous ?

Habituellement, quand on dit « comme il était » en parlant de quelqu’un, c’est pour dire qu’il est parti sans changer de vêtement, en costume ou en salopette, dans la précipitation …

Mais cela ne peut pas s’appliquer à Jésus. Parce qu’a-priori il n’avait pas beaucoup de changes, s’il en avait …

Jésus avait parlé toute la journée, en montant sur une barque pour mieux se faire entendre, il avait expliqué la parabole du semeur aux apôtres, parlé du royaume des cieux … Il était fatigué, il avait besoin de repos. C’est pourquoi il demande aux apôtres de passer sur l’autre rive.

Le regard qui est porté sur Jésus est un regard humain. Et savoir si quelqu’un est fatigué, c’est à la portée des apôtres …

Et quand quelqu’un est fatigué, il s’endort … C’est ce que fait Jésus, à l’arrière de la barque.

Les apôtres voient Jésus comme un homme, ce qui n’est pas faux, mais ils n’ont pas encore compris qu’il n’est pas qu’un homme. Et il faudra attendre la résurrection pour qu’ils comprennent qu’il est plus qu’un homme ! Qu’il est aussi Dieu !

Or, c’est Dieu qui parle à Job dans la première lecture, au milieu d’une tempête, à propos de la mer : « Et je dis : “Tu viendras jusqu’ici ! tu n’iras pas plus loin, ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots !” ». Dieu est le maître des éléments, de sorte que « même le vent et la mer lui obéissent ».

Ce regard humain, c’est ce dont saint Paul parle dans la deuxième lecture, mais pour nous inviter à aller plus loin vis-à-vis de Jésus, à avoir sur lui un regard autre, que l’on pourrait appelé spirituel : « Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux. ». Et il ajoute : « Si nous avons connu le Christ de cette manière (humaine), maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. ». Regard spirituel …

Posons-nous des questions :

– Quel est notre regard sur Jésus ? Un homme ? Un philosophe ? Un Dieu ? Un Dieu qui s’est fait homme et qui retourne à son Père ?

– Est-ce que nous sommes une « créature nouvelle », « quelqu’un qui est dans le Christ » … ou est-ce que nous restons dans l’ancien monde ?

– Est-ce que nous pensons que Jésus est vraiment là, au milieu de nous, qu’il peut nous aider, voire même faire des miracles … ?

À regarder la vie de l’Église en ce moment, et des chrétiens qui en font partie, je me demande si vraiment le Christ ressuscité est en nous ? Vit en nous ? Est-ce que nous laissons l’Esprit nous pousser à aller de l’avant ?

Ou est-ce que nous sommes sécularisés à tel point que nous ne croyons pas que, même maintenant, il puisse nous aider et faire des miracles ?

Mais pour cela, il faut que nous nous réveillons, que nous sortions de notre torpeur, pour lui dire : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? ».

Dans notre situation actuelle, avec le Covid-19, je ne me souviens pas avoir entendu que des processions aient été organisées pour nous protéger …

On reste béats, on attend …

Peut-être pensons-nous que seule la science pourra nous sauver … ?!

Mais les miracles existent. Il faut les demander.

On en sait quelque chose à La Réunion : l’église Notre-Dame de la Délivrance, ou la chapelle Notre-Dame de la Salette, à Saint-Leu, en sont des témoins … peut-être même aussi l’église de Piton-Sainte-Rose épargnée par les laves du volcan en 1977 …

Et puisque l’on parle de tempête apaisée, souvenons-nous du miracle qui a eu lieu à l’île de Tumaco, en Colombie, le 31 janvier 1906 :

« Ce jour-là, la terre trembla pendant plus de dix minutes. Tous les habitants se rassemblèrent devant l’église et supplièrent leur curé, le père Gerardo Larrondo et son vicaire d’organiser immédiatement une procession avec le Saint-Sacrement.

La mer devenait de plus en plus agitée et avait déjà couvert une partie du littoral. Une énorme montagne d’eau s’était formée et allait devenir très vite une immense vague. Le père Gerardo sortit l’ostensoir et dit aux gens : « Allons tous à la plage, mes enfants, et que Dieu ait pitié de nous ! ». Tous le suivirent en acclamant Dieu.

Arrivé à la plage, le père Larrondo descendit courageusement avec l’ostensoir jusque là où se brisent les vagues, et le cœur plein de foi il éleva d’une main ferme l’hostie consacrée devant tout le monde, traçant en l’air un signe de croix.

La vague avança encore un peu, mais avant que le père Larrondo et son vicaire ne se rendent compte de ce qui arrivait, la population, émue et abasourdie, criait « Miracle ! Miracle ! »

L’immense vague qui menaçait de détruite le village de Tumaco s’arrêta soudainement comme bloquée par une force invisible plus grande que celle de la nature, pendant que la mer revenait à son état normal. »

Les habitant de Tumaco s’était comporté comme il est dit dans le psaume : « Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur, et lui les a tirés de la détresse, réduisant la tempête au silence, faisant taire les vagues»

Une fois encore, Dieu, maître de la nature, avait dit à la mer :

« Tu n’iras pas plus loin, ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots ! »

Posons-nous encore la question : Est-ce que nous sommes une « créature nouvelle », « quelqu’un qui est dans le Christ » ?

Seigneur Jésus,

tu es grand et puissant,

nous le disons …

mais est-ce que nous le croyons vraiment ?

Est-ce que, comme le dit saint Paul,

nous sommes centrés sur nous,

ou centré sur Toi,

mort et ressuscité pour nous ?

À chacun de répondre !

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

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11ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 14, 26-34) – Francis Cousin

« Le juste grandira …

dans la maison de notre Dieu. »

Grandir !

C’est ce qui ressort de tous les textes de ce jour.

Mais pour grandir, il faut d’abord être tout petit

Comme la tige au sommet du grand cèdre, « une toute jeune » que le Seigneur plantera « sur la haute montagne d’Israël ». Elle aura de nouveaux rameaux, puis des fruits et « deviendra un cèdre magnifique » où habiteront « toutes sortes d’oiseaux ». (Première lecture)

Le juste, celui qui se sait petit devant Dieu, qui est humble et ne cherche pas à se faire voir, il « grandira comme un palmier, … comme un cèdre du Liban … dans la maison de notre Dieu. Vieillissant, il fructifie encore, garde sa verdeur » et annonce « Le Seigneur est droit » c’est « mon rocher ». (Psaume)

Le règne de Dieu « est comme une graine de moutarde … la plus petite de toutes les semences » mais qui « grandit et dépasse toutes les plantes potagères » … et les oiseaux font « leur nid à son ombre ».

Grandir !

Mais grandir pour quoi ?

Saint Paul nous dit : « nous voudrions plutôt quitter la demeure de ce corps pour demeurer près du Seigneur. Mais de toute manière, que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre ambition, c’est de plaire au Seigneur. »

Et comment plaire au Seigneur ?

« Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,2-4)

Un petit enfant est humble, il fait confiance à ses parents, et il ne lui faut pas grand-chose pour être heureux. Il connaît l’amour de ses parents, il leur sourit … Il ne fait pas de grandes choses, car cela le dépasse … mais il sait rendre l’amour à ses parents : une simple fleur cueillie au bord du chemin, un petit dessin bien colorié, aider à mettre la table ou ranger la vaisselle …

Toutes des petites attentions simples …  mais faites avec amour

C’est ce que sainte Thérèse de l’Enfant Jésus avait bien compris : « Il nous revient dene laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole, de profiter de toutes les plus petites choses et de les faire par amour. »

Le problème, c’est que dans notre vie de tous les jours, nous faisons bien sûr des actions par amour, mais bien souvent, et sans doute le plus souvent, nous faisons des choses par obligation, pour faire comme les autres, pour se faire voir, pour faire l’intéressant … ou pour critiquer les actions des autres …

Nous agissons par rapport aux autres humains … et nous oublions bien souvent la parole de Jésus : « Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? » (Mc 8,36)

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus nous dit aussi : « Jésus ne regarde pas tant la grandeur des actions ni même à leur difficulté qu’à l’amour qui fait faire ces actes. »

Apprenons à mettre de l’amour dans toutes nos actions !

Comme Jésus l’a toujours fait !

 

Seigneur Jésus,

tu as beaucoup parlé du règne de Dieu,

avec beaucoup de paraboles.

Un règne qui part de peu de choses,

un rameau, une petite graine …

et qui devient un grand arbre.

Parce qu’il y a l’amour qui le fait grandir,

l’amour donné par les hommes,

mais surtout l’amour de Dieu :

Père, Fils et Esprit.

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

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Solennité du Saint Sacrement (Mc 14, 12-16 ; 22-26) – Francis Cousin

 

« Ceci est mon corps …

ceci est mon sang. »

 

Solennité du Saint Sacrement, pour tout le monde, c’est se souvenir du corps du Christ exposé sous la forme de l’hostie consacrée, et adorer celle-ci, comme on le fait lors des expositions du Saint-Sacrement. Et on oublie le sang du Christ, parce qu’il est difficile de l’exposer car il risque de gâter.

Or, le Saint-Sacrement, ce sont à la fois le corps et le sang du Christ, proclamé par Jésus le soir du jeudi saint, comme nous le relate l’évangile de ce jour.

Que nous dit l’évangile de ce jour ?

Au départ, il y a l’interrogation des disciples (et non pas simplement des seuls apôtres) : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? ».

Il s’agit pour les disciples de respecter les usages des juifs et de fêter comme il se doit la Pâque, comme ils ont toujours eu l’habitude de le faire.

Et il en est de même pour Jésus : né juif, et respectueux de la loi juive : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17).

La réponse de Jésus est assez surprenante : « Allez à la ville, un homme porteur d’une cruche d’eau … Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas… ». En effet, c’est sans doute une des seules fois dans les évangiles où Jésus (avec l’entrée à Jérusalem pour trouver l’âne que montera Jésus … deux faits qui se situent dans la dernière semaine avant la mort de celui-ci) fait des prédictions qui se révéleront exactes le même jour …

            Et le repas commence … comme le veut la tradition juive. Avec, outre les prières et bénédictions ou le récit de la sortie d’Égypte, trois éléments matériels : le pain sans levain, les herbes amères et le vin. Sans tenir compte des herbes amères qui ne sont qu’un accompagnement, restent seulement le pain et le vin.

En ce qui concerne le pain, la tradition voulait que le pain sans levain soit partagé en trois morceaux l’un sur l’autre et que le pain du milieu soit partagé en deux parts inégales, la part la plus grande, réservée, représentant l’avenir, le futur … mais Jésus partage la totalité du pain en disant : « Ceci est mon corps. ». C’est cela le futur pour lui.

Quant au vin, il y a plusieurs moments où on boit le vin lors de la fête de la Pâque juive, notamment après le partage du pain. Mais Jésus y donne un sens nouveau ; ce n’est pas simplement pour se réjouir : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. ».

Jésus a gardé le schéma de la Pâque juive, il n’a rien inventé, mais il a donné un nouveau sens au rituel en ne faisant pas simplement un rappel de la sortie d’Égypte, mais en y inscrivant le signe d’une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes, qui sera marquée par la Passion : « le sang du Christ fait bien davantage, car le Christ, poussé par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans défaut ; son sang purifiera donc notre conscience des actes qui mènent à la mort, pour que nous puissions rendre un culte au Dieu vivant. Voilà pourquoi il est le médiateur d’une alliance nouvelle, d’un testament nouveau. » (deuxième lecture).

Non seulement Jésus donne un sens nouveau à la Pâque, mais il en retourne le sens : avant c’étaient les hommes qui offraient un sacrifice (d’animal) à Dieu, en remerciement. Maintenant, c’est Dieu, par Jésus, qui s’offre lui-même en sacrifice pour que les hommes puissent obtenir un cadeau offert par Dieu : la vie éternelle auprès de Dieu.

« Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation, (…) comme tu as vu le Seigneur ton Dieu le faire pour toi en Égypte ? Il t’a été donné de voir tout cela pour que tu saches que c’est le Seigneur qui est Dieu, il n’y en a pas d’autre. » (Dt 4,34-35, première lecture dimanche dernier).

Prenons conscience de la grande bonté de Dieu, lui que nous considérons bien souvent comme quelqu’un de lointain, qui nous regarde (nous observe ?) depuis les cieux … alors que c’est lui qui s’est approché de nous, par Jésus, pour nous donner l’accès à la Vie Éternelle, par simple amour pour chacun de nous.

Pensons à cela quand nous nous trouvons devant le Saint-Sacrement, qu’il soit exposé ou dans le tabernacle … ou tout simplement dans notre cœur …

Seigneur Jésus,

tu nous as donné ton corps et ton sang

pour que nous ayons la vie éternelle,

pour que nous ayons conscience

que tu es présent en nous

quand nous communions avec toi …

alors que bien souvent

nous te croyons lointain de nous.

Prends pitié de nous !

                                     Francis Cousin

 

 

 

 

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Prière dim Saint Sacrement B




Solennité de la Sainte Trinité – par Père Rodolphe EMARD

Homélie pour la solennité de la Sainte Trinité / Année B

Dimanche 30 mai 2021

Frères et sœurs, le temps pascal a été clôturé dimanche dernier avec la fête de la Pentecôte. Nous sommes revenus au temps dit ordinaire (nous sommes le 9ème dimanche de ce temps ordinaire).

Les deux dimanches qui suivent la Pentecôte sont consacrés à des solennités qui honorent deux fondamentaux de notre foi chrétienne : ce dimanche, la solennité de la Sainte Trinité et dimanche prochain, celle du Saint-Sacrement du corps et du sang du Christ.

Ce dimanche, c’est donc la solennité de la Sainte Trinité. La Sainte Trinité est le nom que nous donnons au Dieu des chrétiens (Père, Fils et Saint-Esprit) et qui dépasse toute logique scientifique ou mathématique. Quand nous évoquons la Sainte Trinité, nous évoquons un seul et unique Dieu. Trois personnes divines bien distinctes ne formant qu’un seul Dieu. « La mathématique théologique » : « 1+1+1 = 1 » (et non 3).

Un seul Dieu ou une seule essence divine. Pour le comprendre, nous devons considérer ce qu’on appelle en théologie « l’engendrement ». Le Père engendre le Fils et le Fils est engendré par le Père. Le Père est Père parce que le Fils se laisse engendrer. Le Fils est Fils parce que Père accepte de l’engendrer. Il y a une dépendance, une communion d’amour entre le Père et le Fils qui donne le Saint-Esprit.

Les trois personnes divines reçoivent la même adoration et la même gloire. Aucune prééminence entre elles ! La préface de cette messe le précise bien : « Dieu éternel et tout-puissant. Avec ton Fils unique et le Saint-Esprit, tu es un seul Dieu, tu es un seul Seigneur, dans la trinité des personnes et l’unicité de leur nature. Ce que nous croyons de ta gloire, parce que tu l’as révélé, nous le croyons pareillement, et de ton Fils et du Saint-Esprit ; et quand nous proclamons notre foi au Dieu éternel et véritable, nous adorons en même temps chacune des personnes, leur unique nature, leur égale majesté. »

Aucune des trois personnes divines n’est centrée sur elle-même. Le Fils est l’envoyé du Père. C’est Jésus qui nous révèle qui est le Père et le Saint-Esprit. Au baptême de Jésus et à la Transfiguration, dans une nuée, le Père va révéler Jésus comme son « Fils bien-aimé » que nous devons écouter.

 

Dans la deuxième lecture, extraite de la lettre aux Romains (Cf. Rm 8, 14-17), saint Paul nous rappelle que c’est le Saint-Esprit qui nous fait reconnaître la paternité de Dieu et notre statut de fils et de filles de Dieu, libres de toute peur. Cette filiation fait de nous des « héritiers avec le Christ ». C’est encore le Saint-Esprit qui nous révèle la Seigneurie de Jésus et nous fait comprendre ses enseignements.

Nous n’avons pas toujours conscience à quel point la Sainte Trinité est au cœur de notre liturgie chrétienne. À la messe, cette Sainte Trinité est pleinement à l’œuvre : le signe de la croix au commencement et à la fin de la célébration ; le « Gloire à Dieu », la conclusion de la prière d’ouverture, la profession de foi, la prière eucharistique notamment à la consécration et la doxologie…

Dans l’Évangile (Cf. Mt 28, 16-20), Jésus donne le commandement de baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Depuis notre baptême, nous sommes plongés dans la communion de la Sainte Trinité. Nous devons vraiment en prendre conscience !

Nous sommes introduits dans la communion avec Dieu et avec nos frères par la grâce du baptême. Nous sommes enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus-Christ dans l’unique Esprit-Saint qui nous donne notre identité et notre être de chrétien (le sceau de l’Esprit-Saint au baptême et à la confirmation).

Nous sommes invités en cette solennité à mieux nous ouvrir à ce grand mystère de la Sainte Trinité. Parfois, ce nom peut nous paraître comme une notion un peu abstraite. Il n’en est rien ! Avant d’être des considérations dogmatiques, la Sainte Trinité est avant tout une rencontre d’amour et de Vie. Il ne s’agit pas d’en comprendre toutes les subtilités théologiques mais d’en vivre !

N’oublions pas que la communion au corps du Christ ressuscité nous greffe à la vie trinitaire. Revenons sans cesse à cette source !

Pour terminer, j’aimerais exposer quelques mots sur le signe de la croix que nous ne soignons pas toujours à sa convenance. Le signe de croix représente beaucoup :

  • Il est avant tout une prière.

  • Il est au cœur de la foi chrétienne.

  • Il révèle le nom du Dieu Trinité.

  • Quand nous faisons le signe de la croix, nous faisons une signature sur nous. Le signe de la croix révèle notre identité et notre appartenance : nous sommes enfants de Dieu, le peuple de Dieu, le Corps du Christ et le temple du Saint-Esprit. Voilà notre véritable grandeur, notre dignité chrétienne !

Soignons toujours le signe de la croix quand nous le faisons.

Frères et sœurs, nous appartenons à la Sainte Trinité. Demandons au Seigneur au cours de cette Eucharistie que nous puissions « professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l’éternelle Trinité, en adorant son Unité toute-puissante. » (Cf. prière d’ouverture). Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Père Rodolphe Emard